Études bibliques

Un programme d'étude de la Bible entière en cinq ans


27/11/2024

Romains - Introduction

Introduction

Introduction

Dans la littérature mondiale, il existe un certain nombre de chefs d'oeuvres. Aujourd'hui, nous allons en aborder un qui fait partie des Textes Sacrés, le canon biblique. L'Ancien et le Nouveau Testament furent écrits par une quarantaine d'auteurs et se composent de 66 livres. Si on devait en choisir un qui explique le fondement du christianisme et qui soit son porte-parole lorsqu'il prit forme au premier siècle de notre ère, alors on désignerait sans conteste l'Épître aux Romains, qui est aussi un chef d'oeuvre littéraire. Cette lettre écrite par l'apôtre Paul est très rationnelle, cartésienne, pourrait-on même dire. C'est une nouvelle façon pour Dieu de communiquer avec les hommes.

Après les révélations orales, l'Éternel a donné la Loi à Moïse, puis ont suivi toutes les formes de littérature qu'on découvre dans l'Ancien Testament, le récit commenté du peuple d'Israël, les prophéties, la poésie; puis est venu le Christ, dont la vie a été décrite par des Évangiles. Le livre des Actes des apôtres établit un pont historique entre la vie de Jésus et le début de l'Église. C'est là qu'apparaît pour la première fois un religieux juif pur et dur du parti des Pharisiens nommé Saul de Tarse. Chef d'une inquisition brutale contre les chrétiens, il se rendait à Damas en Syrie quand tout à coup le Christ lui apparut. Après cette rencontre miraculeuse, il devint le grand apôtre Paul infatigable qui parcourut une grande partie de l'Empire romain prêchant que Jésus-Christ était le Messie qui après avoir été crucifié, était ressuscité.

Cette lettre de l'apôtre Paul à l'Église de Rome est une Épître, c'est-à-dire une leçon, une étude didactique envoyée à un groupe particulier de chrétiens. Paul a écrit plusieurs lettres, et elles sont toutes si chaleureuses, si personnelles que pour nous, c'est comme si elles nous étaient parvenues ce matin de la main même du facteur. L'Épître aux Romains est l'exemple le plus ancien qu'on connaisse de ce genre littéraire, non seulement parmi les Textes Sacrés, mais aussi de toute la littérature antique. Le Nouveau Testament se compose d'abord des écrits historiques, c'est-à-dire les Évangiles, suivi du livre des Actes qui se termine avec Paul exerçant un ministère à Rome; ensuite viennent les Épîtres. Celle adressée aux Romains est en tête de tous les écrits des apôtres, bien qu'elle ne fût pas la première à être rédigée. Cela témoigne de l'importance de cette oeuvre aussi bien en ce qui concerne son thème que son contenu.

Cette Épître est sans conteste, depuis les premiers siècles de notre ère jusqu'à aujourd'hui, la lettre de Paul la plus commentée et celle qui a le plus contribué au développement du christianisme. Chrysostome, un des Pères de l'Église comme on les appelle, se faisait lire cette Épître deux fois par semaine. C'est aussi dans cette lettre que le scientifique Michel Faraday y trouva la foi. Sur son lit de mort, alors qu'on lui demandait quelles étaient les hypothèses sur lesquelles il réfléchissait, il répondit:

Aucune ! Ma foi est fermement ancré en Jésus-Christ mon sauveur mort pour moi qui m'a ouvert le chemin du ciel !

L'Épître aux Romains a joué un rôle prépondérant durant les grandes controverses des siècles passés et en particulier à l'époque de la Réforme, notamment chez Luther et Calvin. D'une certaine manière, on pourrait dire que l'histoire tumultueuse de l'Église a suivi la découverte, la redécouverte et l'interprétation de la lettre aux Romains. Tout renouveau spirituel dans l'Église a été le fruit d'une meilleure compréhension de cette Épître, parce qu'elle développe d'une manière plus systématique que les autres écrits du Nouveau Testament certains aspects de la foi chrétienne.

Je pense en particulier au salut par la foi seule, la relation entre Israël et les nations, ou le chrétien face aux législations humaines. En conséquence, son enseignement est essentiel pour comprendre ce qu'est le christianisme et pour pointer les erreurs qui abondent dans l'ensemble de la chrétienté. Paul était tout indiqué pour écrire cette lettre. Bien qu'au moment de sa rédaction, l'apôtre n'était encore jamais allé à Rome, il était déjà tout imprégné de cette ville. Bien que Juif de naissance, il jouissait de la citoyenneté romaine et en connaissait parfaitement la culture. Il avait marché sur les fameuses voies romaines, rencontré toutes sortes de gens sur les marchés, fréquenté des soldats, comparu devant des magistrats et enfin dormi dans plusieurs prisons de l'Empire. De la même manière dont le ministère de l'apôtre Pierre était plus spécifiquement orienté vers les Juifs, celui de Paul l'était vers les païens. Lorsque Jésus-Christ est apparu à l'orgueilleux Saul de Tarse, le futur apôtre, il lui a dit:

Je t'ai choisi du milieu du peuple juif et des païens, vers lesquels je t'envoie. Tu devras leur ouvrir les yeux et les faire passer des ténèbres à la lumière et du pouvoir de Satan à Dieu pour qu'en croyant en moi, ils reçoivent le pardon de leurs péchés et une part d'héritage avec ceux qui appartiennent à Dieu (Actes 26.17-18)

Paul était donc d'abord l'apôtre des païens. Or ceux-ci composaient en majorité les Églises de Rome au moment où cette lettre fut écrite autour de l'an 57 de notre ère. Paul était alors à Corinthe en Grèce, terminait son troisième voyage missionnaire et était sur le point de prendre le bateau pour retourner à Jérusalem. C'est alors qu'il apprend qu'une diaconesse au nom de Phoebé, qui faisait partie de l'Église de Cenchrées, un port proche de Corinthe, avait pour projet de se rendre à Rome. Paul saisit alors cette occasion pour rédiger cette lettre, car il voulait communiquer avec ces groupes de chrétiens auxquels il s'intéressait vivement et qu'il planifiait d'aller visiter aussitôt que possible.

À cette époque, et ce, depuis le 2e siècle av. J-C, Rome comportait une importante colonie juive. Cette communauté fut encore accrue par la venue d'un important contingent de prisonniers amenés de Palestine par le général romain Pompée après l'intégration forcée d'Israël dans l'Empire en 63 av. J-C. Cependant, l'empereur Claude avait fait expulser les Juifs de Rome en l'an 49 de notre ère, ce qui fait que jusqu'à leur retour, les Églises de Rome ne se composaient que de croyants d'origine païenne.

Pourtant, les premiers chrétiens de Rome étaient sans aucun doute des Juifs qui s'étaient convertis à Jésus-Christ alors qu'ils se trouvaient à Jérusalem pour célébrer la Pentecôte. Ils avaient alors été témoins des miracles occasionnés par la venue du Saint-Esprit et entendu le sermon donné par l'apôtre Pierre. Suite à cet événement, au moins 3 000 personnes, en grande majorité d'origine juive, s'étaient converties à Jésus-Christ.

Plus tard, les croyants romains inclurent aussi des personnes qui s'étaient converties au contact de l'apôtre Paul alors qu'il effectuait ses voyages missionnaires en Asie Mineure, la Turquie aujourd'hui. De ce nombre est le couple d'Aquilas et Priscille, à qui Paul envoie ses salutations à la fin de l'Épître. Il les avait rencontrés à Corinthe après qu'ils aient été expulsés de Rome. Comme Aquilas fabriquait des tentes, tout comme Paul, ils avaient uni leurs efforts et s'étaient du même coup liés d'amitié. Le grand nombre de personnes à qui Paul adresse ses salutations personnelles à la fin de l'Épître révèle l'impact de son ministère dans l'établissement et le développement des Églises de Rome. Par conséquent, Paul avait un intérêt particulier pour la communauté chrétienne de la capitale impériale. Il se considérait en quelque sorte comme le père spirituel de ces Églises, comme en témoigne sa lettre.

À l'origine de ces croyants, il faut aussi ajouter ceux qui au cours des années se rendirent à Rome, car la ville était comme un aimant qui attirait d'un peu partout de l'Empire des gens venus pour affaires ou pour d'autres raisons. Le dicton, comme quoi: Toutes les routes mènent à Rome, est plus qu'une simple platitude. Cette ville était comme un grand paquebot qui passe dans la nuit, faisant des vagues qui se brisent sur les rives lointaines. Son influence était perçue jusque dans les coins les plus reculés de l'Empire. C'était une capitale très cosmopolite, ce que la composition des Églises reflétait. Les membres formaient un ensemble hétéroclite fait de païens comme je l'ai déjà dit, mais aussi de Juifs croyants après qu'ils aient été autorisés à revenir à Rome. Tous ces gens venaient d'horizons très variés, géographiquement et culturellement.

La raison immédiate de cette Épître était pour Paul d'annoncer ses plans d'aller à Rome après son retour à Jérusalem, et de préparer ainsi la communauté chrétienne de cette ville à sa venue. Son désir de leur rendre visite et d'exercer son ministère parmi eux était, lui semblait-il, finalement sur le point d'être satisfait. Le deuxième objectif de Paul dans cette Épître est de formuler un énoncé détaillé du message de la Bonne Nouvelle qu'il proclamait.

Cette lettre n'est pas une Somme Théologique de l'apôtre, ni son Testament en matière de foi chrétienne. Cependant, on y trouve des développements approfondis de sujets doctrinaux essentiels du christianisme, tels que la perdition, le salut par la foi, l'oeuvre du Saint-Esprit, comment être juste devant Dieu, la place de la Loi de Moïse et des hommes dans la vie du croyant, le problème du mal et de la souffrance, les dons de l'Esprit et d'autres encore. Ainsi, Paul présente d'une manière très complète et logique le plan du salut qui s'adresse à tous les êtres humains. Il commence avec la condamnation irrévocable et universelle de l'humanité à cause du péché, et finit avec l'homme rendu semblable à l'image du Fils de Dieu dans la présence de Dieu pour l'éternité.

Cependant, outre ces objectifs doctrinaux, et selon son habitude dans toutes ses lettres, Paul a écrit cette Épître pour répondre à la situation précise de ses destinataires. Il adresse en effet les tensions qui existaient alors entre les chrétiens d'origine juive et ceux qui provenaient du paganisme. En effet, après avoir été expulsés de Rome, les Juifs furent rapidement autorisés à revenir. Mais le retour de ces croyants dans leurs Églises respectives posa des difficultés d'intégration. C'est pourquoi le conflit entre les Juifs et les païens occupe une grande place dans cette lettre.

Au-delà des thèmes doctrinaux par ailleurs fort bien développés de cette Épître, l'apôtre insiste beaucoup sur l'unité des chrétiens; il recommande même d'éviter les personnes qui causent des divisions. En cela, cette lettre garde toute sa fraîcheur et son actualité, car il faut bien reconnaître que l'Église contemporaine, comme celle d'autrefois, se caractérise souvent par la division, le mépris, l'orgueil ou le jugement du prochain. L'unité des chrétiens authentiques est importante parce que le plan de Dieu au travers des âges est de créer un seul peuple uni en Jésus-Christ.

C'est pourquoi l'apôtre encourage les croyants à dépasser leurs intérêts personnels, les différences de races, de classes sociales ou de nationalités, et de vivre en paix dans le respect mutuel et l'amour fraternel. Paul ne prend pas ouvertement position pour ou contre un groupe particulier, mais il expose clairement les deux côtés du problème. D'une part, il insiste sur la priorité historique et chronologique des Juifs, qui furent le peuple choisi de l'Éternel, et insiste beaucoup sur leurs privilèges. Mais d'autre part, il indique qu'il y a un seul Dieu, aussi bien pour les Juifs que pour les païens. Par conséquent, tous sont sous l'empire du péché, et tous sont sauvés par la même foi au Seigneur Jésus-Christ et en son sacrifice.

En outre, Paul explique bien que dans le but d'amener les croyants d'origine païenne dans le giron de la foi et dans son programme de salut, Dieu a étendu sa grâce à tous les êtres humains. Pour cela, il a mis temporairement fin ou plutôt en veilleuse son programme spécifique pour Israël en tant que peuple élu. Il faut dire que la nation en général, par l'entremise de ses chefs officiels, avait rejeté le Fils de Dieu comme Messie.

Mais l'apôtre rappelle à tout un chacun que l'Éternel reprendra plus tard son programme avec les descendants d'Abraham et accomplira ses promesses à leur égard en tant que nation. Il y aura alors un retournement de situation, et nombreux seront les Juifs qui se tourneront vers le Seigneur. Il les appelle l'Israël de Dieu. Fort de ce message, Paul exhorte dès lors ses lecteurs à vivre en harmonie les uns avec les autres en Christ. En conséquence, l'enjeu de l'unité au sein des communautés romaines est le thème structurel, pourrait-on dire, qui soutient l'Épître aux Romains.

Dès le début et tout au long de la lettre, Paul insiste sur la portée universelle de la Bonne Nouvelle en Jésus-Christ. Celle-ci concerne aussi bien les Juifs que les païens. C'est pour cela qu'il expose avec clarté, précision et de manière suivie le plan de Dieu visant à former un seul peuple par la foi en Jésus-Christ, pour présenter ensuite les conséquences pratiques, qui en découlent pour la situation spécifique des Églises de Rome. Il offre une argumentation serrée visant à convaincre et à motiver les croyants à vivre en paix leur unité en Christ. Paul aurait pu se contenter d'écrire une lettre d'exhortations, mais en ce qui concerne la vie chrétienne, il ne croit pas aux solutions rapides et aux raccourcis. Car pour l'apôtre, il n'y a pas de pratique sans théologie, c'est-à-dire sans une juste compréhension de Dieu, de son oeuvre et de notre place dans son plan.

Tout au début de la lettre, les Juifs sont invités à tempérer leur orgueil, car sans la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, leur privilège est inexistant. En effet, tous les êtres humains, quels qu'ils soient, sont dans un état de perdition devant Dieu. Malgré la relation particulière du Seigneur avec le peuple choisi au cours des siècles, les Juifs ne sont en rien favorisés en matière de jugement; ils n'ont donc aucune raison de se vanter. Tout le monde est coupable également devant Dieu.

L'apôtre pose ensuite le second fondement de sa démonstration. Puisque Juifs et païens ont une situation identique face au jugement divin, cela permet au Seigneur de leur offrir le même moyen d'être déclaré juste devant Dieu par la foi en Jésus-Christ. Face à une telle voie unique de salut, il n'y aucune raison, ni pour les uns ni pour les autres, de se vanter ni de s'enorgueillir, ni de mépriser autrui.

Plus loin, dans la partie des exhortations de la lettre, ce sont les païens qui sont invités à ne pas mépriser les Juifs parce que bien que ces derniers soient loin de Dieu à cause de leur incrédulité, ils conservent des privilèges historiques, et l'Éternel n'a pas oublié toutes les promesses qu'il a faites à leurs ancêtres et qu'il accomplira en son temps. À un autre niveau, cette lettre est importante par le fait qu'en sourdine, Paul répond aux plaintes non énoncées, mais sous-entendues de ceux qui remettent en question la bonté, la sagesse et la justice de Dieu dans son plan du salut. L'apôtre défend, d'une part, la justice que Dieu possède en lui-même, et d'autre part son droit de choisir dans sa souveraineté ceux qu'il sauvera par pure grâce. Il conclut en rendant grâce au Créateur, disant:

Combien profondes sont les richesses de Dieu, sa sagesse et sa science ! (Romains 11.33).

Paul pique aussi les contredisants lorsqu'il s'exclame:

Il faut que Dieu soit reconnu comme disant la vérité et tout homme qui s'oppose à lui comme menteur, car il est écrit: Tu seras toujours reconnu juste dans tes sentences (Romains 3.4).

Il faut en effet remarquer que la justice de Dieu est le grand thème de cette Épître. C'est sûr que l'immense majorité de la race humaine n'est pas prête à entendre un tel message. L'homme désire plutôt écouter ceux qui lui chatouillent les oreilles, qui vantent les accomplissements humains, qu'ils soient sportifs, scientifiques, technologiques ou autres. Car il faut bien reconnaître que l'Épître que Paul adresse aux Romains débute par une très mauvaise nouvelle, en substance, que tout être humain est totalement corrompu et dépravé devant Dieu, et irrémédiablement condamné par sa justice implacable.

L'apôtre explique ensuite et en détail le remède divin: le sang du Christ qui a coulé sur la croix est la solution au problème fondamental humain. Mais cela non plus l'homme ne veut pas l'entendre. Pourtant, c'est là l'unique moyen d'obtenir le pardon des fautes et la vie éternelle. Encore aujourd'hui, Dieu choisit des gens comme moi et comme vous qui m'écoutez, et les introduit dans sa famille; il en fait ses enfants et leur donne la vie éternelle en vertu des seuls mérites du Christ.


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