Radio Chrétienne
Un programme pour étudier toute la Bible en quatre ans
Chapitre 7
Versets 18-19
Chacun d'entre nous établit une hiérarchie de valeurs en fonction de nombreux paramètres. On est obligé d'agir de cette manière afin de gérer sa vie le mieux possible et d'organiser ses priorités. Après s'être levés le matin, la plupart des gens partent travailler; c'est comme ça. Cela dit, à notre époque nous disposons de beaucoup de temps libre, ce qui me permet de choisir mes loisirs en fonction de ce qui m'intéresse. Ce phénomène est relativement nouveau.
Si nous remontons au début du christianisme, la culture païenne de l'Empire romain dictait tous les comportements des habitants en fonction de leurs classes sociales. Dans ces conditions, ceux qui devenaient croyants se sentaient en porte à faux, coincés entre leur ancien mode de vie et leurs nouvelles valeurs. C'est pour cela que les croyants de Corinthe ont envoyé une lettre à Paul avec plusieurs questions relatives à leur nouvel état, auxquelles l'apôtre répond.
Versets 20-21
Je continue à lire dans le chapitre 7 de sa première Épître aux Corinthiens.
Que chacun demeure dans la situation qui était la sienne lorsque Dieu l'a appelé. Étais-tu esclave lorsque Dieu t'a appelé? Ne te fais pas de souci à ce sujet.? Mais si tu peux devenir libre, alors profites-en (1Corinthiens 7.20-21).
Selon l'estimation des spécialistes, il y avait environ 400 000 esclaves à Corinthe au temps de Paul. L'Église devait donc en compter un nombre important. Dans le monde gréco-romain, l'esclave n'avait pas de statut juridique, mais sa situation n'était pas aussi figée qu'elle l'a été à d'autres époques: si effectivement certains étaient maltraités, d'autres avaient des responsabilités importantes avec des privilèges. Lorsqu'un esclave était libéré et devenait affranchi, la plupart du temps il restait au service de son ancien maître en tant que serviteur rémunéré.
Paul enseigne que la situation professionnelle d'un chrétien est une question qui a relativement peu de conséquences. S'il peut grimper l'échelle sociale, tant mieux; sinon, il n'y a pas lieu d'en faire un drame. La conversion à Jésus-Christ altère radicalement la relation spirituelle d'une personne, mais n'a pas à occasionner de bouleversements dans les autres domaines de la vie tant que la morale reste sauve.
Versets 22-24
Je continue.
Car un esclave qui a été appelé à servir le Seigneur est un affranchi du Seigneur. Et de même, l'homme libre que Dieu a appelé est un esclave du Christ. C'est à un grand prix que vous avez été rachetés ! Alors, ne devenez pas esclaves des hommes. Donc, frères, que chacun reste devant Dieu dans la situation où il était lorsque Dieu l'a appelé à venir à lui (1Corinthiens 7.22-24).
Encore une fois, Paul dit que le statut social ou domestique n'est pas l'essentiel dans la vie et celui qui est esclave est davantage asservi dans sa tête que par des liens. Il n'y a donc pas lieu d'essayer de changer sa condition sociale coûte que coûte. Ce qui compte c'est d'être fidèle à Dieu dans sa vocation quelle qu'elle soit. Paul opère un recadrage à 180 degrés de la vision du monde qu'avaient les gens de son époque. Par la même occasion et en filigrane, il donne un grand coup de pied dans la fourmilière en s'attaquant à l'ordre établi par Rome et aux fondements de l'esclavage.
Paradoxalement, le chrétien qui a le statut d'esclave est en réalité libre devant Dieu. En effet, il a été délivré de la culpabilité du péché et a la liberté de mener une vie droite. Le citoyen romain qui devient croyant est appelé à devenir un disciple du Christ et à obéir à ses commandements. Il n'a donc plus le loisir de mener une vie débauchée comme les païens. Puisque les chrétiens ont été rachetés par Jésus-Christ, Paul les exhorte à ne pas devenir esclaves des hommes, c'est-à-dire à se soumettre à ceux qui prônent les philosophies humaines, que ce soit l'ascétisme ou le libertinage.
Versets 25-26
Je continue.
Pour ceux qui ne sont pas mariés, je n'ai pas d'indication expresse de la part du Seigneur, mais je leur donne mon avis comme celui d'un homme qui, par la grâce du Seigneur, est digne de confiance: à cause des détresses qui s'approchent, j'estime qu'il est bon pour chacun de demeurer comme il est (1Corinthiens 7.25-26).
Décidément, Paul penchait plutôt pour le statu quo. Il considère la seconde question que lui avaient posée les Corinthiens: les célibataires devaient-ils chercher à se marier ? L'apôtre répond en prenant en compte les persécutions qui éclataient contre les chrétiens, souvent de façon imprévisible, ici et là dans l'Empire romain. Paul est très pratique. Quand il faut fuir au plus vite, il dit qu'il vaut beaucoup mieux être seul qu'avoir le souci de mettre toute une famille à l'abri du danger. L'enseignement qu'il donne est donc lié aux circonstances et son application à d'autres situations et à d'autres époques doit tenir compte de ce contexte particulier.
Versets 27-28
Je continue.
As-tu une femme? Ne cherche pas à rompre. N'as-tu aucun engagement? Ne cherche pas de femme. Mais si tu te maries, tu ne commets pas de péché. Ce n'est pas non plus un péché pour une jeune fille de se marier. Mais les gens mariés connaîtront bien des souffrances et je voudrais vous les épargner (1Corinthiens 7.27-28).
Si la pensée du martyre est terrible pour une personne seule, elle l'est doublement pour quiconque a un conjoint et des enfants. Dans ces conditions, ce n'est pas mal de se marier, mais il est beaucoup plus judicieux de rester célibataire. Lorsque Jésus a parlé des persécutions qui auront lieu à la fin des temps, il a dit et je le cite:
Que celui qui sera dans les champs ne retourne pas chez lui pour aller chercher son manteau ! Malheur, en ces jours-là, aux femmes enceintes et à celles qui allaitent (Matthieu 24.18-19).
Il va sans dire qu'une femme qui porte un enfant, que ce soit dans son ventre ou dans ses bras, n'est pas en état de s'enfuir à toute vitesse si les circonstances le demandent.
Versets 29-31
Je continue le texte.
Je vous assure, frères: le temps est limité; que désormais ceux qui sont mariés vivent comme s'ils n'avaient pas de femme, ceux qui pleurent comme s'ils ne pleuraient pas, ceux qui se réjouissent comme s'ils ne se réjouissaient pas, ceux qui achètent comme s'ils ne possédaient rien. Bref, que tous ceux qui jouissent des biens de ce monde vivent comme s'ils n'en jouissaient pas. Car le présent ordre des choses va vers sa fin (1Corinthiens 7.29-31).
Paul analyse la situation présente des Corinthiens prophétiquement, à la lumière de l'avenir. Ce n'est pas qu'il le connaît avec précision, mais tels les animaux avant un cataclysme, il sent que des événements terribles se préparent. La proximité de grands chamboulements relativise toutes les affaires du monde présent. En effet, dans une quinzaine d'années à peine, l'Empire romain allait être secoué par une guerre civile avec la rébellion des Juifs contre César et la destruction de Jérusalem par le général Titus. Cet événement allait profondément marquer non seulement les Juifs, mais aussi les chrétiens qui allaient être sévèrement persécutés par l'empereur Néron.
L'apôtre écrit donc que le croyant doit se conduire comme un citoyen du ciel. Cela veut dire que ceux qui ont une famille ne doivent pas se donner corps et âme à elle; que ceux qui sont dans la peine considèrent que cette souffrance est très passagère et qu'il n'y a pas lieu de vider toutes les larmes de son corps; que ceux qui ont des raisons de se réjouir songent que leur bonheur sera de courte durée, car ils découvriront vite que nous vivons ici-bas dans une vallée de larmes; que ceux qui font des affaires dans le but de posséder toujours davantage, n'y mettent pas tout leur coeur, car ils devront éventuellement tout laisser derrière eux.
Voilà pourquoi l'apôtre exhorte ses lecteurs à se conduire comme des pèlerins sur cette terre, et à veiller à ne pas s'incruster dans un monde qui est de toute façon temporaire. C'est aussi pour cela qu'il dit: le temps est limité. Cette phrase exprime en peu de mots sa philosophie de vie. Ce détachement des poursuites de ce que ce siècle peut offrir devrait caractériser tous les chrétiens. Mais cette façon de vivre est évidemment plus difficile à réaliser pour ceux qui sont mariés et ont une famille avec des enfants. La note du loyer impayé et le petit dernier qui est malade sont des préoccupations sérieuses qui absorbent beaucoup d'énergie parce qu'elles demandent une attention immédiate.
Paul n'est évidemment pas contre les devoirs conjugaux, bien au contraire. Un mari doit gérer son foyer en bon père de famille . L'apôtre demande plutôt un engagement de chacun, marié ou pas, à l'égard des choses éternelles et un détachement correspondant vis-à-vis des institutions et des valeurs qui constituent l'essentiel de ce monde qui passe. C'est aussi pour cela qu'il suggère sans cesse tout au long de ce chapitre que le célibat est un statut supérieur à celui du mariage.
Versets 32-34
Je continue.
C'est pourquoi je voudrais vous savoir libres de toute préoccupation. Celui qui n'est pas marié se préoccupe des intérêts du Seigneur. Son seul souci est de lui plaire. Celui qui est marié s'occupe des affaires de ce monde, pour plaire à sa femme; et le voilà tiraillé de part et d'autre. De même la veuve et la jeune fille n'ont pas d'autre souci que les intérêts du Seigneur, pas d'autre désir que de se dévouer à lui corps et esprit. La femme mariée, elle, se préoccupe des affaires de ce monde, pour plaire à son mari (1Corinthiens 7.32-34).
Paul ne flotte pas sur un petit nuage rose; il a l'esprit très pratique comme je ne cesse de le dire. Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus a averti ses disciples de ne pas laisser l'inquiétude à l'égard des aspects matériels de cette vie les distraire de leur engagement envers Dieu (Matthieu 6.25-34). L'apôtre dit la même chose, mais il va sans dire que les commandements du Seigneur sont plus faciles à suivre si on est célibataire.
Tout le monde dispose de 24 heures, quel que soit son état marital. La personne mariée qui remplit consciencieusement ses devoirs est contrôlée par sa situation de famille; c'est la vie. Les conjoints doivent s'assurer que le ménage tourne sans encombre, et gérer les conflits qui sont inévitables dès que plusieurs personnes vivent ensemble. Ils doivent également passer du temps seul à seul afin d'entretenir la flamme et consacrer beaucoup d'énergie à éduquer leurs enfants. En conséquence, leur emploi du temps est chargé et les heures libres rares. Par contraste, la vie du célibataire est bien plus simple, car elle comporte beaucoup moins d'obligations, ce qui lui permet une consécration plus grande de son temps, de ses ressources et de toute sa personne au Seigneur. Il n'a pas à changer des couches, jouer au ballon avec son fils et travailler de longues heures afin de pouvoir acheter une maison et une voiture qui puissent accommoder toute la famille.
Verset 35
Je continue.
Je dis cela dans votre propre intérêt et non pour vous tendre un piège, mais pour que vous meniez une vie bien ordonnée, et que vous soyez attachés au Seigneur sans partage (1Corinthiens 7.35).
Paul ne désire pas coincer les Corinthiens entre le marteau et l'enclume. D'un côté, l'ordre normal des choses est de se marier, mais d'un autre, l'apôtre leur conseille de rester célibataires parce que cela lui semble être la meilleure course à suivre étant données les circonstances présentes à Corinthe.
Versets 36-38
Je continue.
Si quelqu'un estime déshonorant pour sa fille vierge de dépasser l'âge convenable pour se marier et qu'il est de son devoir de père d'agir ainsi, qu'il fasse ce qu'il veut, il ne pèche pas; qu'on se marie. Mais celui qui a pris en lui-même une ferme résolution, sans y être contraint, mais dans la pleine possession de sa volonté, et qui a décidé en son coeur de garder sa fille vierge, celui-là fait bien. En somme, celui qui donne sa fille vierge en mariage fait bien et celui qui ne la marie pas fait mieux (1Corinthiens 7.36-38).
Paul donne ici un conseil à un père qui, selon la culture du premier siècle, avait un pouvoir quasi illimité dans les affaires touchant sa famille. C'est lui qui décidait si sa fille devait ou pas se marier. C'est un peu choquant pour nous aujourd'hui, mais les époques changent et les coutumes aussi. Les paroles de Paul me font penser au diacre Philippe dont l'histoire nous est racontée dans le livre des Actes. Je cite le passage:
Nous nous sommes rendus à la maison de Philippe, l'évangéliste; c'était l'un des sept hommes que l'on avait élus à Jérusalem: et nous avons logé chez lui. Il avait quatre filles non mariées qui avaient le don de prophétie (Actes 21.8-9).
Ces filles n'étaient pas mariées, ce qui était un anachronisme, et assumaient un ministère très particulier. Le simple fait que le texte précise tout cela en peu de mots est une manière de dire en filigrane que ces 4 filles ou leur père avaient décidé qu'elles resteraient vierges afin de pratiquer leur don de prophétie sans s'encombrer d'une famille.
Versets 39-40
Je finis ce chapitre.
Un dernier mot: une femme demeure liée à son mari aussi longtemps qu'il vit; mais si le mari vient à mourir, elle est libre de se remarier avec qui elle veut, à condition, bien entendu, que ce soit avec un chrétien. Toutefois, à mon avis, elle sera plus heureuse si elle reste comme elle est; et je pense, moi aussi, avoir l'Esprit de Dieu (1Corinthiens 7.39-40).
Plus tôt, Paul avait conseillé aux veufs et aux veuves de demeurer célibataires. Cependant, il avait alors reconnu que tous n'avaient pas ce don. Maintenant, il parle spécifiquement des veuves parce qu'il répond à une question précise que lui ont adressée les Corinthiens. La seule contrainte que l'apôtre impose à celles qui veulent se remarier est de choisir un croyant. Il n'a pas énoncé cette obligation jusqu'à présent parce qu'elle est évidente. Si la veuve respectait cette condition, elle pouvait épouser qui elle voulait.
Cela dit, et encore une fois, Paul ajoute qu'à son avis il vaut mieux qu'elles restent seules. Il faut cependant relativiser ce que dit l'apôtre parce que son conseil s'applique aux Corinthiens en fonction des circonstances du moment. En effet, il conseille exactement l'inverse lorsqu'il écrit à son disciple Timothée. Je cite le passage:
C'est pourquoi je préfère nettement que les jeunes veuves se marient, qu'elles aient des enfants, et tiennent bien leur ménage afin de ne pas prêter le flanc aux critiques de nos adversaires (1Timothée 5.14).
Dans ce chapitre, Paul a donc répondu à des questions spécifiques que les Corinthiens lui ont fait parvenir. La première d'entre elles concernait la sexualité et le mariage, un sujet toujours brûlant d'actualité. Dans leur situation nouvelle de chrétiens, les Corinthiens étaient perplexes. En effet, étant influencés par les croyances erronées de leur époque concernant le corps, ils se demandaient quelles étaient les conséquences de la foi en Jésus-Christ sur la vie familiale. Ils avaient plusieurs interrogations. Les croyants devraient-ils se dispenser des relations conjugales? Les veufs doivent-ils renoncer à se remarier? Et dans les couples mixtes, le croyant doit-il se séparer de son conjoint non-chrétien?
Dans un premier temps, la réponse de l'apôtre privilégie le mariage, car c'était le projet originel du Créateur et la meilleure solution vis-à-vis de la tentation à l'immoralité. Il met également l'accent sur l'importance de la permanence du couple. On ne change pas de conjoint comme de voiture, ce qui semble être de mise aujourd'hui. Même dans un couple où la différence spirituelle est fondamentale, tout doit être fait pour en préserver l'intégrité. On peut imaginer des situations particulièrement dramatiques, par exemple un mari païen pur et dur qui fréquenterait les prostitués du temple d'Aphrodite de façon plutôt assidue alors que sa femme est à la maison à s'occuper du ménage et des enfants.
Si l'apôtre a tout d'abord privilégié le mariage, dans un second temps, il l'a relativisé en rappelant que d'une part, le disciple du Christ connaîtra des persécutions, et que d'autre part il doit avant tout chercher à plaire au Seigneur. C'est ce qui doit guider le style de vie de tout croyant, qu'il soit marié ou célibataire, parce que sa destination finale c'est la gloire éternelle dans le royaume des cieux.
Copyright © 2001-2025 ( TTB - Thru the Bible, RTM - Radio Transmundial. Tous droits réservés.
CONDITIONS D'UTILISATION