Radio Chrétienne
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Chapitre 8
Introduction
Dans les Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand écrit:
Oh ! Argent que j'ai tant méprisé et que je ne puis aimer quoi que je fasse, je suis forcé d'avouer que tu as pourtant ton mérite: source de la liberté, tu arranges mille choses dans notre existence, et tout est difficile sans toi.
Je n'aurais pas pu mieux le dire. La sagesse populaire prétend que plaie d'argent n'est point mortelle, mais aussi que marteau d'argent ouvre porte de fer.
En réalité, le fric nous colle aux doigts comme une poisse dont on aimerait, mais ne peut se passer. Cette ambivalence est due au fait que nous sentons intuitivement que l'argent est un bon serviteur, mais un mauvais maître, que le laquais peut facilement devenir le seigneur et contrôler toute notre vie ( Alexandre Dumas fils dans la Dame aux Camélias ). Les Écritures ont beaucoup à dire sur ce sujet. Jésus lui-même a enseigné que:
Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l'un, et aimera l'autre; ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon, le dieu de l'argent (Matthieu 6.24).
Après avoir expliqué la raison pour laquelle il avait reporté sa visite à Corinthe et décrit l'orientation de son ministère, Paul va maintenant parler du sujet délicat des dons d'argent. Il ne s'agit pas d'un enseignement abstrait, mais d'une collecte précise en faveur des pauvres de Jérusalem dont l'apôtre avait la charge en plus de son ministère. Cette idée reposait sur une pratique juive. En effet, la coutume voulait que les Israélites qui demeuraient à l'étranger envoient leurs contributions à Jérusalem pour l'entretien du temple.
D'ailleurs même aujourd'hui, beaucoup de Juifs du monde entier soutiennent l'État d'Israël de leurs deniers. Et lorsqu'un gros conflit éclate au Moyen-Orient, comme la guerre des 6 jours ou celle de Yom Kippour, les gros chèques affluent pour acheter de la poudre et des canons. L'Église de Jérusalem fut la première à voir le jour selon l'ordre que les disciples avaient reçu du Seigneur et que je rappelle:
Le Saint-Esprit descendra sur vous: vous recevrez sa puissance et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre (Actes 1.8).
Au bout de quelque temps, les chrétiens de l'Église mère à Jérusalem subirent des persécutions de la part des Juifs et c'est ainsi que beaucoup quittèrent la ville pour le nord de la Palestine, la Judée, la Samarie et finalement se répandirent dans toutes les provinces de l'Empire. Mais les croyants qui étaient restés à Jérusalem se trouvèrent dans le besoin pour des raisons faciles à comprendre. Non seulement ils subissaient la haine des Juifs, mais il y eut aussi une famine en Palestine qui dura des années 46 à 48 ap. J-C. Ce n'est pas tout; en même temps commença une période de troubles politiques graves qui conduisirent éventuellement à une révolte contre Rome.
Or tout le monde sait que les marchés financiers et le commerce ont horreur des incertitudes. Dès qu'il y a des bruits de bottes dans un endroit un peu important de la planète, la bourse chute. Les événements qui se déroulaient en Palestine troublaient le monde des affaires et le travail se faisait rare. En conséquence, les chrétiens de l'Église de Jérusalem subissaient les contrecoups des troubles politiques fomentés par les Juifs. Comme le ministère de Paul couvrait à peu près tout l'Empire romain, il avait une très bonne vue d'ensemble et pour lui, les distances ne doivent pas empêcher les croyants des autres provinces d'entendre les cris de souffrance de leurs frères en Palestine qui ont besoin d'aide.
Les Corinthiens entendirent parler de cette collecte et demandèrent quelle était leur responsabilité dans cette affaire. Paul leur expliqua en détail de quoi il s'agissait, et ils s'engagèrent alors à soutenir les pauvres de Jérusalem. Dans sa première Épître, l'apôtre leur donna des directives précises à suivre pour que tout se fasse dans l'ordre. Mais les bonnes intentions des Corinthiens ne furent pas suivies d'effet, si bien que l'apôtre chargea Tite d'aller voir ce qui n'allait pas.
Qu'est-ce qui pouvait bien empêcher ces chrétiens de contribuer comme ils s'étaient proposé de le faire? Aucun texte ne nous le dit, mais on peut spéculer que les faux apôtres y étaient pour quelque chose. En effet, ils recevaient leur soutien de l'Église et il est donc probable qu'ils aient détourné à leurs profits certains fonds destinés à la collecte; c'est un coup classique. De retour de mission, Tite fit remarquer à Paul que les Corinthiens avaient besoin d'un petit encouragement ce que l'apôtre s'empressa de leur donner dans les chapitres 8 et 9 de la présente lettre.
Finalement, par l'entremise de Tite et d'autres personnes mentionnées, mais inconnues, et grâce à l'intervention personnelle de Paul par écrit puis par une subséquente visite, les Corinthiens versèrent leur dû à cette collecte. Bien qu'au cours de son ministère, Jésus ait souvent instruit les foules concernant la juste utilisation des biens de ce monde, c'est Paul qui dans ces chapitres 8 et 9 de cette Épître nous donne l'enseignement le plus complet des Écritures sur ce délicat sujet de la libéralité chrétienne.
Verset 1
Je commence à lire le chapitre 8.
Nous voulons vous faire connaître, frères, la grâce que Dieu a accordée aux Églises de Macédoine (2Corinthiens 8.1).
La Macédoine fait partie du sud de la Grèce où se trouvaient les Églises de Philippes, Thessalonique, et Bérée, fondées par Paul et mentionnées dans le Nouveau Testament. Mais il y en avait certainement beaucoup d'autres dans cette province. Tout autant que possible, l'apôtre préférait motiver et instruire ses auditeurs, non seulement en paroles, mais aussi en acte. Ainsi, il n'hésita pas à inciter les Corinthiens et d'autres à imiter sa façon de vivre. Mais il citait également d'autres personnes que lui comme modèle tels ses collaborateurs et bien entendu, Jésus et Dieu le Père.
Dans ce passage, Paul va donner aux Corinthiens deux exemples de libéralité; d'abord celui des Églises de la Macédoine et ensuite celui du Christ. L'apôtre avait bien l'intention de se rendre à Corinthe, mais pas dans l'immédiat. En attendant, c'est par écrit qu'il leur donne les instructions nécessaires pour l'exercice de la libéralité selon Dieu. Il désirait que cette collecte ait lieu avant son arrivée de façon qu'une fois sur place il puisse enseigner la Parole de Dieu et non pas passer le plus clair de son temps à faire la quête.
De plus, il voulait absolument que les dons soient faits de bon coeur, sans pression aucune, ce qu'il va préciser plus loin. Bien que les chapitres 8 et 9 soient presque exclusivement consacrés aux questions d'argent, le mot charnière n'est pas lié au monde de la finance puisqu'il s'agit de????? qui est généralement traduit par grâce et qui a donné charisme en français.
Paul va l'employer une dizaine de fois dont ici dans le premier verset où il dit: Nous voulons vous faire connaître frères, la grâce que Dieu a accordée aux Églises de Macédoine . Puis il utilise encore le mot????? dans les versets 4, 6 et 7. Je les cite: ils nous ont demandé la grâce, traduit par faveur, de prendre part à l'assistance destinée aux croyants de Jérusalem. Et puis: Aussi avons-nous encouragé Tite à mener à bonne fin chez vous cette grâce, traduit par oeuvre de générosité, qu'il avait si bien commencée. Et enfin: cherchez donc aussi à exceller dans cette grâce, traduit également par oeuvre de générosité. Ce que l'apôtre écrit aux Corinthiens est que le désir des Églises de Macédoine de donner était une grâce, une disposition de coeur, que Dieu leur avait accordée.
En d'autres mots, ne donne pas qui veut, mais seulement ceux chez qui le Saint-Esprit est à l'oeuvre. En théologie, le mot????? exprime une faveur non méritée. Certes, mais dans le grec classique, il signifie grâce un peu dans le sens du mot français. Ce peut être la beauté, le charme, la gentillesse, la bonne volonté, le ravissement, la reconnaissance ou même le plaisir qui est une grâce. Dans la culture grecque,????? revêtait trois formes: le bon, le beau et le noble, des qualités que les Grecs voulaient partager avec les autres peuples qu'ils considéraient ignares ou primitifs.
Paul utilise ce mot à maintes reprises dans ses écrits. La grâce est la passion de Dieu à vouloir partager toute sa bonté avec ses créatures. Cela veut dire qu'il désire répandre sur vous et moi ses bénédictions. Il veut que nous devenions intérieurement bons, beaux et nobles à l'image de son Fils Jésus-Christ. Cette grâce, il en est question dans un passage du Nouveau Testament qui dit:
Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c'est un don de Dieu; ce n'est pas le fruit d'oeuvres que vous auriez accomplies. Personne n'a donc de raison de se vanter (Éphésiens 2.8-9).
Tout homme est coupable devant Dieu et n'a strictement rien à lui offrir, aussi Dieu a-t-il dû nous sauver par pure grâce. Le Créateur aime sa créature et veut lui venir en aide, mais il ne pouvait le faire de façon arbitraire parce qu'il est trois fois saint. C'est pour cela qu'il a envoyé son Fils Jésus pour mourir à notre place. L'Évangile dit:
Oui, Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils, son unique, pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui échappent à la perdition et qu'ils aient la vie éternelle (Jean 3.16).
Dieu se préoccupe de donner; il n'est le débiteur de personne. Un passage de l'Ancien Testament dit:
Tous les animaux des forêts sont à moi, à moi, les bêtes par milliers dans les montagnes ! Je connais les oiseaux des cieux et tous les animaux des champs me sont à portée de la main. Si j'avais faim, te le dirais-je? L'univers est à moi et tout ce qu'il renferme (Psaumes 50.10-12).
Dieu n'a pas besoin de nous et n'a que faire de nos dons. La libéralité chrétienne est une grâce qui nous est accordée et donc un privilège divin.
Versets 1-2
Je continue le texte.
Nous voulons vous faire connaître, frères, la grâce que Dieu a accordée aux Églises de Macédoine. Elles ont été mises à l'épreuve par de multiples détresses, mais les croyants, animés d'une joie débordante et malgré leur extrême pauvreté, ont débordé en une très grande générosité (2Corinthiens 8.1-2).
L'équation est surprenante: une joie débordante + une extrême pauvreté = une très grande générosité. Ces Églises de la Macédoine furent fondées par Paul lors de son deuxième voyage missionnaire et elles passaient par une période particulièrement difficile. En effet, le langage employé suggère que de fortes persécutions sévissaient contre elles. Qu'à cela ne tienne, tandis que le confort physique de ces jeunes croyants était en chute libre, leur qualité de vie spirituelle augmentait dans les mêmes proportions. Depuis qu'ils avaient découvert la grâce de Dieu, ils tenaient ferme face aux difficultés de tous ordres qu'ils rencontraient.
Versets 3-4
Je continue.
Ils sont allés jusqu'à la limite de leurs moyens, et même au-delà, j'en suis témoin; spontanément et avec une vive insistance, ils nous ont demandé la faveur de prendre part à l'assistance destinée aux croyants de Jérusalem (2Corinthiens 8.3-4).
Littéralement, il est écrit que ces chrétiens démunis de tout demandèrent la grâce de communier au service des saints de Jérusalem; c'est ce qui est traduit par: la faveur de prendre part à l'assistance destinée aux croyants de Jérusalem. Sachant ces croyants dans une misère telle qu'ils auraient eux-mêmes eu besoin d'aide, Paul avait hésité à leur parler de cette collecte en faveur des chrétiens démunis de Jérusalem. Mais une fois au courant de l'extrême pauvreté de leurs frères de Palestine, ils donnèrent sans aucune réserve avec confiance que le Seigneur les délivrerait de leurs propres détresses.
Aux yeux de Dieu, la veuve de l'Évangile qui a mis son obole de deux sous dans le tronc a donné beaucoup plus que les riches qui y glissaient des pièces d'or, mais vivaient dans l'opulence. Je cite le passage:
Puis Jésus s'assit en face du tronc; il observait ceux qui y déposaient de l'argent. Beaucoup de riches y avaient déjà déposé de fortes sommes quand arriva une pauvre veuve qui déposa deux petites pièces, une somme minime. Alors Jésus appela ses disciples et leur dit:? Vraiment, je vous l'assure, cette pauvre veuve a donné bien plus que tous ceux qui ont mis de l'argent dans le tronc. Car tous les autres ont seulement donné de leur superflu, mais elle, dans sa pauvreté, elle a donné tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre (Marc 12.41-44).
Il est intéressant de remarquer que Dieu prend note de ce que les croyants contribuent à son oeuvre, mais aussi de ce qu'ils gardent pour eux-mêmes. On raconte l'histoire d'une Église en Écosse qui essayait avec difficultés de lever les fonds nécessaires à l'acquisition d'un nouveau bâtiment. L'un des membres, Monsieur Mac Pherson, était suffisamment argenté pour pouvoir presque à lui tout seul acheter l'édifice en question. Mais c'était un Écossais typique, très près de ses sous. Un diacre est allé le trouver pour lui demander: Alors frère, combien allez-vous donner pour la nouvelle église? L'homme a répondu: Oh, je pense que je pourrai contribuer comme la pauvre veuve ! Le diacre est reparti tout content et lors d'une réunion publique a déclaré: Frères et soeurs, nous disposons de tout l'argent dont nous avons besoin, Monsieur Mac Pherson ici présent va nous donner tout ce qu'il possède pour cet achat. Sur quoi, l'Écossais en question tout stupéfait a rétorqué: Je n'ai pas dit ça ! J'ai dit que je contribuerai comme la pauvre veuve ! Le diacre lui a répondu: Eh bien selon l'Évangile, elle a donné tout ce qu'elle possédait et c'est ce que j'ai compris que vous alliez faire.
Verset 5
Je continue le texte.
Dépassant toutes nos espérances, les Macédoniens se sont tout d'abord donnés eux-mêmes au Seigneur et ensuite, conformément à la volonté de Dieu, ils se sont mis à notre disposition (2Corinthiens 8.5).
Ce n'était pas tant l'importance de la contribution des Églises de la Macédoine qui était remarquable, mais le fait qu'elles aient donné au-delà du raisonnable. Dans une certaine assemblée, on faisait une collecte pour aider une famille sur le point de perdre sa maison. Le diacre chargé de la collecte s'est adressé à un des membres et lui a demandé: Alors frère, combien pouvez-vous donner? Eh bien a-t-il répondu, je pense que je pourrais donner 50 euros sans difficulté. Le diacre a répondu: Alors, pourquoi ne pas donner 100 euros avec difficulté?
Les chrétiens de la Macédoine ont vidé leurs comptes en banque avec joie et pourtant ce fut un tel sacrifice de leur part que c'est comme s'ils s'étaient littéralement arraché les tripes. Je sais bien que ça fait un peu vulgaire de le dire ainsi, mais c'est la meilleure façon de décrire leur geste. Il est important de remarquer qu'ils ont agi ainsi après avoir s'être d'abord entièrement consacrés au Seigneur, corps, âme, esprit et toutes leurs possessions matérielles; ensuite seulement ils ont tout donné. Si Dieu ne possède pas ma main, ce que j'ai dans la main et que je suis disposé à lui donner ne l'intéresse pas. Précédemment dans cette lettre, Paul a écrit:
Nos détresses présentes sont passagères et légères par rapport au poids insurpassable de gloire éternelle qu'elles nous préparent. Et nous ne portons pas notre attention sur les choses visibles qui ne durent qu'un temps, mais sur les réalités encore invisibles qui demeureront éternellement (2Corinthiens 4.17-18).
Telle était mot pour mot la perspective du monde des croyants de la Macédoine. C'est d'une telle attitude juste devant Dieu que découla leur décision de se sacrifier et de révéler ainsi leur amour et leur dévouement envers Dieu et leurs frères de Jérusalem dans le besoin.
Versets 6-7
Je continue le texte.
Aussi avons-nous encouragé Tite à mener à bonne fin chez vous cette grâce, cette oeuvre de générosité qu'il avait si bien commencée. Vous êtes riches dans tous les domaines, qu'il s'agisse de la foi, de la parole ou de la connaissance, du zèle en toutes choses ou de l'amour qui, de nos coeurs, a gagné les vôtres; cherchez donc aussi à exceller dans cette oeuvre de générosité (2Corinthiens 8.6-7).
Paul enfonce le clou. Lorsqu'il avait exercé son ministère en faveur des Corinthiens, il s'était donné à eux sans réserve, et en retour ils lui avaient témoigné beaucoup d'affection. Puisqu'ils avaient également été abondamment bénis par Dieu, ils ne pouvaient pas faire moins que les Macédoniens qui avaient manifesté une générosité exemplaire. C'est en tout cas ce que pensait l'apôtre puisqu'il avait chargé Tite de lever les fonds parmi les Corinthiens. En récoltant une grosse collecte, il leur donnait l'occasion d'exceller dans cette oeuvre de bienfaisance.
Comme je l'ai déjà dit, les dons sont une manifestation de la grâce de Dieu envers le donateur. La générosité d'un croyant est un acte d'adoration et une preuve d'amour envers le Seigneur. On a dit que pour honorer et vénérer Dieu, il faut trois objets: une Bible, un livre de chants et un carnet de chèques.
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