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Jour sélectionné:
08/03/2025
Portion biblique:
Néhémie 5:1-19
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Chapitre 5

Introduction

Il y a des gens à qui tout réussit et ce qu'ils touchent se transforme en or bien qu'ils ne soient pas alchimistes. D'autres par contre semblent être nés sous une mauvaise étoile, car jamais rien ne va. Ainsi en est-il de la vie. Mais pour ce qui est de Monsieur Tout le monde, il se situe en général entre ces deux extrêmes et ses accomplissements reflètent assez bien les efforts qu'il fournit. Cela dit, il est par contre difficile de placer Néhémie qui se trouve à la tête du projet grandiose de reconstruction des murailles de Jérusalem. Homme intelligent et érudit, c'est un battant, un meneur d'hommes avec un très grand sens pratique. Il a donc tout pour réussir surtout qu'il est animé d'un grand zèle et d'une foi inébranlable en l'Éternel.

Cependant, il a déjà dû faire face à pas mal de difficultés sur le terrain. Néhémie ayant d'abord été ridiculisé par ses ennemis, ces derniers sont devenus carrément menaçants. Cette opposition farouche a finalement éclaté en plein jour et a jeté un froid parmi les bâtisseurs qui ont dû continuer leur travail la truelle dans une main et l'épée dans l'autre. Mais l'épreuve n'a fait que commencer, car à partir de maintenant les choses vont aller en empirant.

Versets 1-3

Je commence à lire le chapitre 5 du livre de Néhémie.

À cette époque, des hommes du peuple et leurs femmes se plaignirent vivement de certains de leurs compatriotes juifs. Certains disaient:? Nous avons beaucoup de fils et de filles, nous voudrions recevoir du blé pour manger et survivre. D'autres déclaraient:? Nous sommes obligés de donner nos champs, nos vignes et même nos maisons en gage pour nous procurer du blé lorsqu'il y a une famine (Néhémie 5.1-3).

Jusqu'à présent, Néhémie, en tant que pilote spirituel du projet, avait dû faire face à des problèmes qui provenaient de l'extérieur, c'est-à-dire des ennemis d'Israël. Mais voilà qu'à ceux-ci s'ajoutent dorénavant des conflits qui proviennent de l'intérieur. Les Juifs se dressent les uns contre les autres. Ils étaient déjà stressés à cause de ceux qui voulaient faire arrêter le chantier par la force, et maintenant ils doivent faire face à de sérieuses difficultés économiques aggravées en temps de famine, ce qui était monnaie courante en Palestine. Les bâtisseurs qui étaient occupés à réparer la muraille n'avaient pas le temps de s'occuper de leurs affaires personnelles ni de leurs champs et arbres fruitiers.

Tout négoce était quasiment suspendu en cette époque troublée, et comme beaucoup de gens de la campagne s'étaient établis dans la capitale, ils y faisaient renchérir le pain. En ces temps de rude travail pour le bien commun, les prolétaires affamés demandaient une distribution gratuite de blé pour eux et leur famille. Ceux qui ne pouvaient pas faire autrement empruntaient afin d'acheter de la nourriture. Cette situation forçait les moins avantagés à donner leurs biens en gage, une pratique qui favorisait bien sûr les plus riches qui profitaient de cette aubaine pour augmenter leur patrimoine.

La nature humaine n'a décidément pas changé. Notre monde dit moderne, dirigé par l'électronique et l'informatique, n'a toujours pas commencé à résoudre les problèmes de fond qui affligent l'homme depuis toujours et surtout les inégalités.

Verset 4

Je continue.

D'autres encore se plaignaient:? Nous devons emprunter de l'argent en hypothéquant nos champs et nos vignes pour payer l'impôt impérial (Néhémie 5.4).

Les empereurs perses étaient nuls en économie. Ils achetaient tous les terrains qu'ils pouvaient et les laissaient en friche. Ils collectaient annuellement dans toutes leurs provinces environ 20 millions de dariques, une monnaie d'or qui était fondue et entassée dans le trésor de l'empereur sans être remise dans le commerce.

Alexandre le Grand a d'ailleurs trouvé environ 340 tonnes d'or et 1 500 tonnes d'argent à Suse, une des capitales de l'Empire. Ce comportement fou créa une inflation galopante qui a fait que les nantis s'enrichissaient davantage et les laissés pour compte s'appauvrissaient toujours plus. Il n'y a décidément rien de nouveau sous le soleil.

Verset 5

Je continue.

Et pourtant, nous sommes bien de la même race que nos compatriotes: nos enfants ne sont pas différents des leurs; et voici que nous en sommes réduits à vendre nos fils et nos filles comme esclaves: certaines de nos filles ont déjà été réduites à l'esclavage et nous sommes impuissants à les défendre, car déjà nos champs et nos vignes appartiennent à d'autres (Néhémie 5.5).

Les choses ont évolué de mal en pire pour les Juifs bâtisseurs. Les premiers avaient besoin qu'on leur donne du blé pour se nourrir parce qu'ils ne pouvaient pas s'occuper de leurs récoltes. Les seconds avaient pu se procurer de quoi subvenir à leurs besoins en donnant leurs propriétés en gage. D'autres encore qui n'avaient pas de quoi payer les impôts impériaux, mais qui ne voulaient pas hypothéquer leurs biens durent emprunter à des notables nantis. Ces derniers désobéissaient à la Loi de Moïse, même s'ils n'étaient pas des requins à l'exemple de la mafia napolitaine puisqu'ils n'exigeaient que 1 % par mois, soit du 12 % par an, qui deviendra le taux de base dans l'Empire romain.

Cette série de problèmes se termine par une grosse cerise sur le gâteau si je puis m'exprimer ainsi. Pour rembourser leurs dettes, certains qui avaient déjà engagé tout ce qu'ils possédaient en étaient réduits à vendre leurs enfants comme esclaves, ce qui les laissait désespérés. Tous ces problèmes relationnels n'ont pas surgi tout d'un coup, mais au fil des semaines ils sont devenus impossibles à gérer. Alors, tel un furoncle qui a mûri, ils ont éclaté et le pus est sorti de la plaie éclaboussant tout sur son passage. Un texte du Nouveau Testament nous met en garde contre ce genre de problème. Je le cite:

Veillez à ce que personne ne se prive de la grâce de Dieu, qu'aucune racine d'amertume ne pousse et ne cause du trouble en empoisonnant plusieurs d'entre vous (Hébreux 12.15).

Ces difficultés liées à l'argent ont déclenché une crise au sein des Juifs tout simplement parce que certains d'entre eux étaient en position de pouvoir exploiter les autres. Le moral, qui était déjà plutôt bas à cause de la fatigue due à un chantier qui n'en finissait pas et de la peur engendrée par les ennemis d'Israël, est encore descendu de deux crans et atteint son niveau de crise interne grave.

Versets 6-7

Je continue le texte.

Lorsque j'entendis leurs plaintes et toutes ces réclamations, je fus saisi d'une violente colère et je pris la décision d'adresser de vifs reproches aux notables et aux chefs du peuple. Je leur dis:? Quand vous prêtez de l'argent à vos compatriotes, vous leur demandez des intérêts ! Je convoquai une grande assemblée pour traiter leur cas (Néhémie 5.6-7).

Néhémie est furieux contre les requins juifs qui profitent de la situation pour s'enrichir et le pire est qu'il s'agissait des notables et des chefs du peuple, ceux qui auraient dû manifester de la compassion envers les démunis. Le prêt à intérêt entre Israélites fut interdit par Moïse. L'historien juif Josèphe a écrit que la gratitude de ceux que l'on aide et la récompense divine pour un acte de générosité constituent un intérêt suffisant. Je lis le passage de la Loi sur les prêts:

Si tu prêtes de l'argent à un membre de mon peuple, à un pauvre qui est avec toi, tu n'agiras pas envers lui comme un usurier, tu n'en exigeras pas d'intérêts. Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil (Exode 22.24-25).

En Israël, la coutume voulait que l'emprunteur offre toujours une garantie, une hypothèque, et en cas d'insolvabilité, le créancier usait souvent de ce droit. Dans le cas présent, cette pratique a entraîné la ruine de certaines familles et des divisions profondes dans le sein du peuple de Dieu.

Versets 8-9

Je continue le texte.

Je leur déclarai:? Dans la mesure de nos moyens, nous avons racheté nos compatriotes juifs vendus comme esclaves à des étrangers. Et maintenant vous vendez vous-mêmes vos compatriotes, et cela à des gens de notre peuple. Ils ne trouvèrent rien à répondre et gardèrent le silence. J'ajoutai:? Ce que vous faites là n'est pas bien. Ne devriez-vous pas vivre comme des gens qui révèrent notre Dieu pour ne pas donner aux païens, nos ennemis, l'occasion de nous couvrir de honte? (Néhémie 5.8-9).

Un Israélite pauvre pouvait, selon la Loi, devenir serviteur de son créancier, mais jamais être vendu comme esclave et devait retrouver sa liberté au bout de 6 ans. Néhémie a éprouvé une juste colère et a dénoncé comme il se doit la conduite répréhensible des chefs et des notables. En effet, ils ont eu la bouche cousue, car ce qu'ils avaient fait était un comble. À Babylone, les Juifs fortunés avaient racheté aux païens ceux de leurs compatriotes qui avaient dû se vendre comme esclaves ne pouvant pas rembourser leurs dettes. Et maintenant, le contraire se passait ! Des Juifs vendaient leurs compatriotes comme esclaves. Cette pratique ignoble déshonorait l'Éternel qui avait délivré son peuple de l'asservissement égyptien puis babylonien.

Versets 10-11

Je continue.

Moi aussi, mes proches et mes collaborateurs, nous leur avons prêté de l'argent et du blé. Remettons-leur donc cette dette ! Rendez-leur aujourd'hui même leurs champs, leurs vignes, leurs oliviers et leurs maisons, et remettez-leur le cent de l'argent, du blé, du vin et de l'huile que vous avez exigée d'eux comme intérêt (Néhémie 5.10-11).

Le cent de l'argent correspond à 1 % par mois d'intérêt, ce qui n'était pas énorme, mais conséquent quand même. De plus, la Loi de Moïse interdisait aux Juifs de profiter de la pauvreté de leurs compatriotes pour s'enrichir. Dans cette situation de détresse, Néhémie donne l'exemple et exhorte les chefs et les notables à effacer l'ardoise contractée auprès d'eux par les plus démunis. Dans nos sociétés nanties, l'argent règne en roi, et bon nombre seraient prêts à vendre leur âme au diable s'ils le pouvaient afin de gagner le loto ou je ne sais quoi. L'argent est décidément une source de bien des malheurs comme le dit un passage des Écritures. Je le cite:

Car «l'amour de l'argent est racine de toutes sortes de maux». Pour s'y être abandonnés, certains se sont égarés très loin de la foi, et se sont infligé beaucoup de tourments (1Timothée 6.10).

Jésus lui-même a dit qu'il fallait choisir entre Dieu et l'argent, car on ne peut à la fois servir les deux. Je cite le passage:

Nul ne peut être en même temps au service de deux maîtres, car ou bien il détestera l'un et aimera l'autre, ou bien il sera dévoué au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir en même temps Dieu et l'Argent (Matthieu 6.24).

Versets 12-13

Je continue le texte.

Ils répondirent:? Nous ferons ce que tu demandes, nous rendrons ce que nous avons pris et nous n'exigerons rien d'eux. Alors j'appelai les prêtres devant lesquels je fis prêter serment à ces gens d'agir comme ils l'avaient dit. Puis je secouai les pans de mon vêtement en déclarant:? Que Dieu secoue de cette manière loin de sa maison et de ses biens celui qui n'aura pas tenu cette promesse et qu'ainsi il soit secoué et laissé sans rien ! Toute l'assemblée répondit: Amen ! et loua l'Éternel. Et le peuple se conforma à la décision prise (Néhémie 5.12-13).

Il ne fait aucun doute que Néhémie était ravi que les nobles et les chefs aient pris cette décision, mais il ne se fiait qu'à moitié à la promesse qu'ils avaient prise sous la pression du peuple et à cause de ses remontrances. Alors, il décide qu'une cérémonie publique en grande pompe est de rigueur. En secouant les pans de son vêtement, Néhémie prononce une imprécation contre ceux qui failliraient à leurs promesses. Cela peut nous paraître un peu dur, mais il faut bien garder à l'esprit que tous ceux qui sont rebelles à Dieu, que ce soit sous le régime de l'Ancienne ou la Nouvelle Alliance, seront éventuellement jugés par Dieu. D'ailleurs dans ses Épîtres, l'apôtre Paul se montre lui aussi et à plusieurs reprises particulièrement brutal à l'égard de ceux qui sèment la zizanie dans l'Église. Je cite un passage:

Puissent-ils être retranchés, ceux qui mettent le trouble parmi vous ! (Galates 5.12).

Le geste symbolique accompli par Néhémie, et qui était encore pratiqué au premier siècle, proclamait: Que le parjure perde son foyer et les biens que son travail lui aura valus. Par ce rite, Néhémie attribue aux paroles prononcées par les chefs la valeur d'un serment devant l'Éternel. Lorsque les Juifs juraient ainsi, ils s'engageaient vraiment. Aujourd'hui, on se contente d'une signature en bas de page, mais elle ne vaut pas toujours l'encre avec laquelle elle est écrite.

Verset 14

Je continue le texte.

Depuis le jour où j'avais été nommé gouverneur du district de Juda, c'est-à-dire depuis la vingtième année jusqu'à la trente-deuxième année du règne d'Artaxerxès, soit pendant douze ans, ni moi ni mes proches nous n'avons vécu des revenus dus au gouverneur (Néhémie 5.14).

Ces 12 années vont de l'an 445 av. J-C jusqu'en 433. En tant que gouverneur, Néhémie ne recevait aucun honoraire de l'État perse, mais était en droit de le réclamer au peuple. Cet impôt était souvent payé en nature, mais il y a renoncé pour alléger la charge des Juifs engagés dans la reconstruction de la muraille. Il n'a pas voulu leur imposer un fardeau supplémentaire. Plus loin dans le livre, il est dit que Néhémie revint à Jérusalem après avoir rendu une courte visite à l'empereur Artaxerxès dans la trente-deuxième année de son règne, et c'est probablement à son retour qu'il composa ses Mémoires.

Verset 15

Je continue.

Mes prédécesseurs dans cette charge avaient pressuré le peuple, exigeant qu'on leur remette chaque jour, outre le pain et le vin, quarante pièces d'argent. Même leurs fonctionnaires exerçaient leur domination sur le peuple. Pour moi, je n'ai jamais agi de la sorte, car je révérais Dieu (Néhémie 5.15).

Néhémie explique la motivation de son comportement vertueux disant qu'il se considère le serviteur d'un Maître céleste, devant qui il est responsable de l'administration de son peuple Israël. Cette attitude de révérence profonde et respectueuse envers Dieu est appelée avoir la crainte de l'Éternel dans l'Ancien Testament. C'était la caractéristique principale de tous ceux qui étaient considérés comme pieux. Dans le passé d'Israël, c'étaient les rois qui devaient donner l'exemple, mais peu d'entre eux se sont montrés à la hauteur. Des fouilles archéologiques ont effectivement confirmé l'existence de gouverneurs en Juda avant Néhémie, mettant à jour des estampilles portant leurs noms et dont ils se servaient pour sceller les documents officiels.

Mais ces dirigeants précédents ne s'étaient pas du tout comporté comme Néhémie, mais avaient bien sûr profité de leur position pour soutirer au peuple un maximum et se remplir les poches, une conduite somme toute banale, malheureusement, et qui est reproduite partout dans le monde entier; le mensonge, la corruption tous azimuts et la violence étant les maîtres mots qui décrivent l'homme brut livré à ses penchants naturels.

Verset 16

Je continue.

Au contraire, j'ai travaillé personnellement à la réparation de la muraille et mes collaborateurs se sont aussi mis à l'oeuvre, et nous n'avons jamais acheté de terres (Néhémie 5.16).

Non seulement Néhémie n'a pas exploité sa position en usant des privilèges auxquels il avait droit, mais c'était un homme intègre qui n'a pas non plus cherché à profiter de la situation. Il se souciait uniquement du bien-être de son peuple alors qu'il aurait facilement pu devenir un grand propriétaire terrien sur le dos de ses compatriotes. Mais il était venu à Jérusalem pour aider et non pour exploiter, pour donner l'exemple en suivant la Loi de Moïse, pas pour la violer, pour construire les murailles de Jérusalem et pas un petit fief personnel.

Versets 17-18

Je continue.

D'autre part, j'ai reçu régulièrement à ma table cent cinquante chefs juifs, sans compter ceux qui venaient vers nous des nations environnantes. Chaque jour, on apprêtait pour cela un taureau, six moutons de choix et des volailles, et tous les dix jours, on me livrait de grandes quantités de vin. Malgré cela, je n'ai pas demandé les revenus alloués au gouverneur car je savais que les travaux pesaient lourdement sur le peuple (Néhémie 5.17-18).

Par comparaison avec les victuailles qui étaient livrées à Salomon, Néhémie devait entretenir entre 6 à 800 personnes journellement. Il avait adopté une politique de la table ouverte à tous les Juifs qui visitaient Jérusalem, et tout ça sur ses propres deniers, sa fortune personnelle qui devait quand même être conséquente.

Verset 19

Je finis ce chapitre.

Tiens compte de moi, ô mon Dieu, et accorde-moi ta bienveillance à cause de tout ce que j'ai fait pour ce peuple ! (Néhémie 5.19).

Cette prière montre bien que la foi et le comportement de Néhémie étaient cohérents, et qu'il avait conscience d'être redevable de ses actes devant Dieu. Dans toutes les prières qu'il fait dans ce livre, Néhémie demande à 7 reprises que l'Éternel se souvienne de lui. Il sait que le peuple l'oubliera bien vite, mais peu importe, ce qui compte vraiment c'est que Dieu se souvienne de lui pour le bénir. Moi aussi, c'est ma prière.


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