Radio Chrétienne
Un programme pour étudier toute la Bible en quatre ans
Introduction
Les mythologies me fascinent. Selon une légende grecque, dans les temps lointains, un certain roi de la ville de Corinthe aurait été insolent à l'égard des dieux. Il fut alors condamné pour l'éternité à pousser un énorme rocher jusqu'en haut d'une montagne. Lorsqu'il atteignait le sommet, le rocher déboulait jusqu'en bas et il était obligé de recommencer encore et toujours la même tâche. Le philosophe existentialiste Albert Camus a vu dans cette tradition une illustration de la condition de l'homme condamné à l'absurdité d'une vie sans but. Si Camus avait lu les deux Épîtres que l'apôtre Paul envoya à l'Église de Corinthe, il aurait eu une image différente de la vie, car leur message apporte un objectif et une espérance à des personnes très mal renseignées.
Les chrétiens de Corinthe, tout comme ce roi légendaire, étaient des gens orgueilleux. Cependant, au lieu d'avoir à rendre des comptes à un Zeus capricieux, ces croyants du premier siècle étaient entrés en relation avec un Dieu de grâce et d'amour, ce que va leur rappeler l'apôtre Paul dans les deux lettres qu'il leur adresse et qui nous sont parvenues. Située sur un isthme, à environ 65 km à l'ouest d'Athènes, la ville de Corinthe était réputée pour son matérialisme grossier, une foire aux plaisirs, un peu comme Las Vegas dans le Nevada aux États-Unis.
Dans son ouvrage La République, Platon utilise l'expression «une fille de Corinthe » lorsqu'il parle d'une prostituée. Un autre auteur inventa le verbe corinthianiser qui voulait dire mener une vie de débauche; c'est dire la réputation de cette ville. La richesse et le vice qui y régnaient émanaient en grande partie de son temple dédié à la déesse Aphrodite, Vénus en latin, et de ses milliers de prostituées.
De nos jours, il existe un canal qui traverse l'isthme, et Corinthe n'est plus guère qu'un village de pêcheurs. En 1928, un tremblement de terre a révélé les ruines jusqu'alors enfouies de la ville antique. Elle fait désormais partie des tournées touristiques pour ceux en mal de vieilles pierres. Cependant au premier siècle de notre ère, Corinthe était un grand centre commercial avec 3 ports, dont deux importants, l'un donnant accès à la mer Ionienne et l'autre à la mer Égée. La ville fut complètement rasée par les Romains en l'an 146 av. J-C. Tous ses habitants furent massacrés ou vendus comme esclaves, tous ses trésors furent emportés à Rome et elle devint un lieu désert. Un siècle plus tard, la ville fut reconstruite par Jules César qui lui redonna sa prééminence puisqu'elle devint la capitale de la province de l'Achaïe. Et bien sûr, les vices d'antan refirent leur apparition.
C'est dans ce contexte corrompu que Paul a débarqué à Corinthe en l'an 51 de notre ère pour y annoncer l'Évangile lors de son deuxième voyage missionnaire. Dès son arrivée, il se lia d'amitié avec Aquilas et Priscille. Ce couple, comme d'ailleurs tous les autres Juifs habitant la capitale, avait été chassé de Rome par l'empereur Claude. L'apôtre travailla tout d'abord avec eux, car ils étaient comme lui faiseurs de tentes. Plus tard, Paul se consacra entièrement à l'annonce de l'Évangile et y fonda l'Église. L'apôtre demeura 18 mois dans Corinthe, qui était une ville avec une population d'environ 400 000 habitants.
Paul écrit la première Épître aux alentours de l'année 57 de notre ère, 4 ou 5 ans après la fondation de l'Église. Il se trouve alors à Éphèse, une ville importante de l'Empire sur la côte occidentale de la Turquie, mais qui depuis a été rayée de la carte. Le but de l'apôtre était de corriger toutes sortes de graves problèmes qui minaient l'Église de Corinthe. En réalité, cette première Épître est la deuxième lettre que Paul a écrite, mais nous ne possédons aucune trace de la première qui d'ailleurs fut mal comprise des croyants corinthiens.
Cette première Épître n'ayant pas davantage résolu les problèmes dans l'Église que sa première, l'apôtre décida de se rendre personnellement sur place. Suite à cette visite, il retourna à Éphèse qu'il dut quitter en toute hâte à cause d'une émeute dirigée contre lui. Remontant vers le nord, il prit le bateau pour la Grèce où il rencontra un de ses disciples qui lui donna des nouvelles fraîches de l'Église de Corinthe. Suite à ce rapport, il leur écrivit ce qui s'appelle la seconde Épître aux Corinthiens.
Dans ces deux lettres qui nous sont parvenues, Paul ne mâche pas ses mots; il est même un peu brusque, mais toujours avec l'amour tendre qu'un père porte à ses enfants. Il faut dire qu'il aborde des problèmes qui n'en finissent plus, certains d'ordre doctrinal et d'autres qui concernent la vie chrétienne pratique. Le but de l'apôtre est double. D'une part, il corrige les erreurs qui lui ont été rapportées par des croyants de passage dans la ville de Corinthe, et d'autre part, il répond aux questions que les chrétiens de cette ville lui ont personnellement posées dans une lettre qu'ils lui ont fait parvenir. On est d'ailleurs étonné de voir une Église s'accommoder plutôt bien de problèmes qui sont des entorses sérieuses à la foi chrétienne.
Les Corinthiens avaient décidément beaucoup de peine à rompre avec leur ancien mode de vie. Ils avaient une vue erronée concernant le pouvoir dans l'Église, les dons spirituels, le mariage et particulièrement l'argent. Ils contestaient aussi l'autorité de l'apôtre, l'accusant d'être un faible. Dans un monde où la rhétorique jouait un rôle considérable, ils critiquent le manque d'éloquence de Paul et contestent son enseignement. L'apôtre vise à corriger plusieurs fautes graves telles que l'orgueil des riches qui méprisaient les démunis et l'absence de solidarité entre les classes sociales.
Il y avait aussi dans cette Église beaucoup de dissensions, dont certaines tournaient au procès devant des magistrats païens. Ce n'est pas tout, on trouvait également l'inceste et la débauche de la part des uns et l'ascétisme de la part d'autres, tandis qu'une allure unisexe était prônée par certains membres de l'Église.
Il faut encore ajouter des beuveries, l'exubérance lors des cultes, et enfin une forte réticence à croire que les croyants ressusciteraient munis d'un corps glorifié. C'est d'ailleurs sur ce dernier point que Paul termine cette Épître, nous donnant d'une part un enseignement relativement complet sur ce sujet, celui de la résurrection, et d'autre part la clé de toute cette Épître. En effet, les Corinthiens ne comprenaient pas l'importance du corps dans le plan de la rédemption divine. Cette ignorance était sans excuse, mais s'explique facilement lorsqu'on comprend l'influence qu'exerçaient leur culture et surtout les philosophes grecs qui valorisaient l'âme au détriment de la matière. En conséquence, les Corinthiens n'envisageaient pas du tout de revêtir un corps de résurrection, mais plutôt de se dévêtir de celui qu'ils possédaient afin de devenir des êtres décharnés totalement spirituels. Dans une telle perspective, le corps devient neutre; son importance est reléguée au second plan et son usage perd toute pertinence éthique.
C'est d'ailleurs ce qui explique pourquoi certains croyants se sentaient tout à fait libres de fréquenter des prostitués tandis que d'autres prenaient la direction opposée, prônant un ascétisme pur et dur qui préconisait l'abstinence sexuelle totale. Cela dit, au-dessus de tous les problèmes graves et les fautes grossières dont traite cette Épître, le fait qu'une Église existait à Corinthe était en soi un témoignage à la puissance de Dieu et de l'Évangile.
Chapitre 1
Verset 1
Je commence à lire cette première Épître.
Paul, appelé, par la volonté de Dieu, à être un apôtre de Jésus-Christ, et le frère Sosthène (1Corinthiens 1.1).
C'était effectivement par la volonté de Dieu que Paul devint apôtre. Il fut arrêté net dans son élan meurtrier par le Seigneur alors qu'il se rendait à Damas dans le but de persécuter les chrétiens qu'il trouverait. C'est là, sur un chemin poussiéreux et dans une lumière éblouissante qu'il reçut son appel à servir Jésus-Christ. Quant à Sosthène, il était le secrétaire particulier de l'apôtre. C'est peut-être le même homme que le chef de la synagogue de Corinthe qui avait soulevé les Juifs contre Paul. Si tel est le cas, son nouveau rôle illustre comment Dieu peut transformer les personnes, puisque désormais il est au service de l'apôtre et donc du Seigneur.
Verset 2
Je continue.
Nous saluons l'Église de Dieu établie à Corinthe, ceux qui ont été purifiés de leurs péchés dans l'union avec Jésus-Christ et qui sont appelés à être saints, ainsi que tous ceux qui, en quelque lieu que ce soit, font appel à notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur aussi bien que le nôtre (1Corinthiens 1.2).
Cette lettre est adressée à l'Église de Dieu parce que c'est lui qui en est le véritable fondateur, le créateur. Elle lui appartient donc de droit. Les membres de cette assemblée sont appelés saints. Cela veut seulement dire qu'ils ont été appelés et mis à part par Dieu pour lui rendre un culte et former un peuple qui lui appartienne.
Selon la même logique, tous les objets et ustensiles qui étaient utilisés par les prêtres israélites pour la célébration du culte étaient appelés saints tout simplement parce qu'ils étaient exclusivement réservés au service de l'Éternel. Par exemple, les chaudrons dans lesquels on cuisait la viande des animaux sacrifiés ne pouvaient pas ensuite être emportés dans la cuisine du prêtre et servir à mijoter un ragoût; cela aurait été un sacrilège.
Bien que l'Église de Corinthe se situait en plein Empire romain, ses membres croyants étaient avant tout chrétiens, c'est-à-dire unis au Christ avant d'appartenir à leur culture grecque. Il en est de même de tous ceux qui dans le monde entier se réclament du Christ; ils ont été placés par Dieu en Jésus et sont avant toute autre chose des citoyens du ciel, indépendamment de leur appartenance nationale.
Dès ses premières paroles, Paul situe et place les croyants de Corinthe dans l'Église universelle dont le chef est Jésus-Christ. Le message pratique que Paul cherche déjà à faire passer est celui de consécration. L'apôtre désirait que la vie de tous les jours des Corinthiens soit davantage conforme à leur position en Jésus-Christ.
Verset 3
Je continue le texte.
Que la grâce et la paix vous soient accordées par Dieu notre Père et par le Seigneur Jésus-Christ (1Corinthiens 1.3).
La grâce et la paix font toujours partie des salutations de l'apôtre Paul. La grâce de Dieu est son amour en action qui a fait que tous les membres de l'Église de Corinthe se retrouvent ensemble pour former une assemblée chrétienne locale. Paul dit aussi que celui qui a compris que Dieu lui a fait grâce en Jésus-Christ a la possibilité de connaître la paix de l'âme.
Ce message était des plus pertinents pour les Corinthiens qui avaient un grand besoin de se faire grâce les uns aux autres afin de maintenir la paix dans leurs relations. La grâce et la paix étaient particulièrement nécessaires dans cette assemblée où de sérieuses dissensions menaçaient son intégrité.
Verset 4
Je continue.
Je ne cesse d'exprimer ma reconnaissance à mon Dieu à votre sujet pour la grâce qu'il vous a accordée dans l'union avec Jésus-Christ (1Corinthiens 1.4).
L'apôtre Paul a écrit 13 Épîtres et dans 12 d'entre elles, il commence par des remerciements adressés à Dieu au sujet de ses destinataires. Bien que les Corinthiens fussent particulièrement orgueilleux, ils ont quand même droit à la reconnaissance de Paul parce qu'ils doivent leur position en Jésus-Christ exclusivement à la grâce que Dieu leur avait faite et certainement pas à une bonne conduite de leur part.
Verset 5
Je continue.
En effet, vous avez été comblés en lui dans tous les domaines, en particulier celui de la parole et celui de la connaissance (1Corinthiens 1.5).
Ces Corinthiens faisaient partie du corps du Christ, c'est-à-dire de l'Église universelle de tous les croyants. Or les chrétiens du premier siècle recevaient des dons surnaturels qui leur permettaient d'authentifier le message de l'Évangile de Christ dans un monde païen polythéiste. Les Corinthiens avaient été comblés de dons de la Parole et de la connaissance. Cela veut dire par exemple qu'ils avaient la possibilité spirituelle de parler des langues qu'ils n'avaient pas apprises et de discerner la présence de démons dans une personne.
Cependant, plus loin dans l'Épître, Paul aura à intervenir sur cette question des dons parce que la façon dont ils les exerçaient dans l'Église était devenue problématique. L'apôtre s'étendra longuement sur ce sujet afin d'en corriger les excès, le plus flagrant étant qu'ils utilisaient ces pouvoirs reçus de Dieu dans un but purement égoïste, pour se faire mousser les uns devant les autres.
Verset 6
Je continue le texte.
(Vous avez été comblés) parce que vous êtes attachés avec beaucoup de fermeté au témoignage rendu au Christ (1Corinthiens 1.6).
Paul est reconnaissant à Dieu parce que malgré tous leurs problèmes, les Corinthiens demeuraient fermes dans leur foi en l'Évangile. En effet, ils croyaient vraiment que Dieu s'était révélé en Jésus-Christ et qu'en mettant en lui sa confiance, on recevait le pardon de ses fautes et la vie éternelle. Soit dit en passant, la présence de ces dons auxquels Paul fait allusion est aussi un témoignage rendu à l'efficacité du message que l'apôtre prêchait, ce qu'il va leur rappeler plus loin.
Verset 7
Je continue.
Ainsi, il ne vous manque aucun don de la grâce divine tandis que vous attendez ardemment le moment où notre Seigneur Jésus-Christ apparaîtra (1Corinthiens 1.7).
Cette Église de Corinthe était particulièrement bénie, puisque rien ne leur manquait au niveau de leur communauté. Ils étaient parfaitement équipés pour s'édifier les uns les autres et pour faire connaître activement le message de la Bonne Nouvelle autour d'eux. De plus, comme tout chrétien véritable, les Corinthiens attendaient avec espérance le retour de Jésus-Christ. Lorsqu'il apparaîtra, ce ne sera pas en catimini, tant s'en faut; son retour se fera dans une grande gloire. Je cite un petit passage:
Le Seigneur Jésus apparaîtra du haut du ciel, avec ses anges puissants (2Thessaloniciens 1.7).
Alors, tout le monde le verra au moins sur son petit écran et la nouvelle fera le tour de la terre en un instant. Le livre de l'Apocalypse, le dernier du Nouveau Testament, explique en détail les circonstances de cet événement qui sera le plus sensationnel que le monde n'ait jamais connu. C'était avec une pleine sérénité que les Corinthiens comptaient sur l'apparition du Christ qui révélera alors sa vraie nature au monde entier. Le texte précise qu'ils l'attendaient ardemment. Ce dernier mot est utilisé 7 fois dans le Nouveau Testament à propos de ceux qui possèdent cette espérance.
Verset 8
Je continue le texte.
Il vous rendra d'ailleurs lui-même forts jusqu'à la fin, pour que vous soyez irréprochables au jour de notre Seigneur Jésus-Christ (1Corinthiens 1.8).
Tout au long de cette Épître comme d'ailleurs dans l'ensemble du Nouveau Testament, l'accent est placé sur la personne du Christ. Jusqu'ici, le Seigneur a été mentionné 8 fois en 8 versets, et ce n'est pas fini. Le jour de Jésus-Christ est appelé le Jour de l'Éternel dans l'Ancien Testament. C'est une période de temps durant laquelle il se révélera à tous pour juger toute la terre et délivrer les croyants persécutés à cause de lui.
Parce que l'Église de Corinthe était l'oeuvre de Dieu, Paul ne doutait pas un instant du résultat final dans la vie de ces chrétiens pourtant minés par des problèmes sans fin. Alors qu'ils étaient orgueilleux et contredisants, ils seront présentés à Dieu, irréprochables, dans le sens qu'aucun chef d'accusation ne sera porté contre eux parce qu'ils ont été pardonnés de toutes leurs fautes.
C'est là l'immense privilège de tous ceux qui courbent l'échine devant Dieu en se reconnaissant coupables devant lui et qui placent leur confiance en Jésus-Christ comme sauveur pour l'éternité. Leur ardoise est alors effacée et ils sont littéralement graciés. Mais ce n'est pas comparable au condamné de droit commun qui bénéficie de la grâce présidentielle; le croyant, lui, reçoit celle du Créateur du ciel et de la terre. Celui qui croit en moi a dit Jésus, a la vie éternelle et il ne sera pas jugé. Plusieurs passages de l'Évangile précisent bien cette pensée. J'en cite deux:
Le Fils de l'homme doit, lui aussi, être élevé pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui aient la vie éternelle. Oui, Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils, son unique, pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui échappent à la perdition et qu'ils aient la vie éternelle. Oui, vraiment, je vous l'assure: celui qui écoute ma parole, ce que je dis, et qui place sa confiance dans le Père qui m'a envoyé, possède, dès à présent, la vie éternelle et il ne sera pas condamné; il est déjà passé de la mort à la vie (Jean 3.15-16; 5.24).
Quelle espérance !
Copyright © 2001-2025 ( TTB - Thru the Bible, RTM - Radio Transmundial. Tous droits réservés.
CONDITIONS D'UTILISATION