Radio Chrétienne
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Chapitre 2
Introduction
Il arrive à tout le monde d'être à un moment ou un autre préoccupé par quelque chose au point où on n'a pas vraiment le coeur à l'ouvrage. Non seulement ça se voit, mais la rentabilité s'en ressent. Par opposition, lorsque j'ai l'esprit libre j'ai de l'enthousiasme pour mon travail. De plus, une attitude positive contribue largement à la bonne santé tant physique que morale. Je cite un verset du livre des Proverbes de l'Ancien Testament :
Un coeur joyeux est un excellent remède, mais l'esprit déprimé mine la santé (Proverbes 17.22).
Néhémie qui servait à la cour de l'empereur perse était un homme miné de l'intérieur, car profondément attristé par le sort de Jérusalem et ça se lisait sur son visage.
Verset 1
Je continue avec la lecture du second chapitre du livre de Néhémie.
Durant le mois de Nisan, la vingtième année du règne de l'empereur Artaxerxès, je pris du vin qui était devant l'empereur pour lui en servir. Jamais auparavant, je n'avais paru triste en sa présence (Néhémie 2.1).
Dans l'exercice de leurs fonctions officielles, les hauts dignitaires de l'empereur ne devaient jamais rien laisser transparaître de leur vie privée. Néhémie, en tant qu'échanson du roi, occupait un poste fort bien rémunéré. C'est vrai qu'il comprenait une prime de risque. En effet, ceux qui étaient chargés de s'assurer que la boisson et les mets de l'empereur n'étaient pas trafiqués jouaient le rôle de bouclier en quelque sorte. C'est un peu comme quand on garde un canari dans le but de détecter une fuite de gaz, qui n'est pas toujours perceptible à l'odorat. Si le bel oiseau trépasse, c'est que quelque chose n'est pas normal.
C'était pareil pour Néhémie; s'il tombait raide mort ou commençait à éprouver des maux de ventre ou des étourdissements c'est qu'il y avait tentative d'empoisonnement de l'empereur. Ce récit a lieu en mars-avril, quatre mois après que Néhémie eut été informé de l'état déplorable de Jérusalem. Ce délai s'explique par le fait que les rois perses avaient plusieurs échansons qui fonctionnaient à tour de rôle. Néhémie a donc attendu son tour de service pour s'approcher du roi et formuler sa requête. Ce laps de temps lui a aussi permis de préparer le terrain dans la prière.
Versets 2-3
Je continue.
Alors l'empereur me demanda:? Pourquoi as-tu mauvaise mine? Tu ne me sembles pourtant pas malade; ce ne peut être qu'un chagrin de coeur ! Je fus saisi d'une grande crainte, mais je lui dis:? Que l'empereur vive toujours ! Comment n'aurais-je pas un air triste alors que la ville où sont enterrés mes ancêtres est en ruines et que ses portes ont été détruites par le feu? (Néhémie 2.2-3).
L'écrivain grec Eusèbe, auteur d'un ouvrage important, qui s'appelle Histoire ecclésiastique et qui couvre les trois premiers siècles du christianisme, écrit que Néhémie était de la descendance du roi David. Le texte ne le précise pas, par contre, puisque Néhémie dit que ses ancêtres étaient enterrés à Jérusalem, cela prouve au moins qu'il était de la tribu de Juda. L'empereur n'a pas l'habitude de voir son échanson juif déprimé, alors il l'interroge très directement pour savoir ce qui se passe.
Néhémie était perdu dans ses pensées, songeant à la requête qu'il s'apprêtait à formuler et qu'il savait être très audacieuse. En effet, vouloir la reconstruction d'une ville sous la domination de l'empire pouvait signifier une volonté d'indépendance politique à l'égard du tyran en place, ce qui est toujours vu d'un très mauvais oeil. N'étant donc pas conscient de sa mine déconfite, lorsque Néhémie se voit découvert il éprouve comme un instant de panique. En effet, son air consterné pouvait être interprété comme de l'irritation à l'égard de son maître; une très mauvaise idée qui aurait pu lui valoir non seulement la perte de son poste, mais aussi de la vie. Néhémie s'était bien préparé pour ce moment fatidique aussi bien dans la prière que dans son esprit.
C'est ainsi qu'il ne mentionne pas Jérusalem de nom afin de ne pas toucher de nerf politique sensible. Il use de tact et y fait référence en tant que la ville de ses ancêtres décédés. En s'exprimant ainsi, il fait appel au sens du respect des morts de l'empereur ce qui est une bonne stratégie.
Versets 4-5
Je continue.
Alors l'empereur me demanda:? Que veux-tu donc? J'adressai une prière au Dieu du ciel, et je répondis à l'empereur:? Si tel est le bon plaisir de l'empereur et si tu agrées ton serviteur, veuille m'envoyer en Juda, dans la ville où mes ancêtres sont enterrés, pour que je puisse la rebâtir (Néhémie 2.4-5).
Néhémie envoie un SOS au Dieu du ciel. Il a souvent recours à la prière dans les différentes circonstances de sa vie. Il trouve son appui en l'Éternel qu'il sait être plein de miséricorde envers Israël. Comme je l'ai déjà dit, il avait longuement mûri son projet en jeûnant et priant avec ferveur l'Éternel, le Dieu d'Israël. C'est ce qui lui donna l'élan nécessaire pour formuler sa requête hasardeuse.
Parallèlement à l'aspect spirituel des choses, Néhémie utilise toutes les ressources humaines qui sont à sa disposition, que ce soient ses capacités intellectuelles, ses expériences passées, sa connaissance de l'empereur et sa position d'échanson qui s'est toujours montré fidèle à son maître.
Verset 6
Je continue.
L'empereur, qui avait l'impératrice assise à ses côtés, me demanda alors:? Combien de temps durera ton voyage et quand seras-tu de retour? L'empereur accepta donc de me laisser partir, et je lui indiquai un délai (Néhémie 2.6).
Les empereurs perses étaient évidemment polygames, mais une seule avait le titre d'impératrice ce qui lui conférait une grande influence à la cour. La reine d'Artaxerxès s'appelait Damaspia. Sa présence indique qu'il s'agissait d'un repas privé puisque selon le protocole en vigueur, elle n'aurait pas assisté à un banquet d'État. Elle est mentionnée parce qu'il y a tout à parier qu'elle avait de l'amitié pour Néhémie et qu'elle a probablement appuyé sa requête.
Le texte ne nous donne cependant aucun détail et les propos rapportés sont des plus brefs. Les personnages ne se perdent pas en paroles inutiles, c'est le moins qu'on puisse dire. On ne connaît pas le délai demandé par Néhémie, peut-être s'agissait-il d'un an ou deux qui furent prorogés à plusieurs reprises à cause des circonstances. Ce qu'on sait est que la première absence de Néhémie fut de 12 ans et qu'elle fut suivie d'un second séjour à Jérusalem. Il ne s'agit donc pas de simples visites, mais bien plutôt de grands projets à très long terme.
Verset 7
Je continue.
Puis j'ajoutai:? Si l'empereur le trouve bon, pourrait-on me donner des lettres pour les gouverneurs de la province à l'ouest de l'Euphrate, pour qu'ils me laissent passer jusqu'au pays de Juda (Néhémie 2.7).
Ces lettres munies du sceau impérial étaient à la fois des sauf-conduits et des ordres de mission. Des documents de l'époque précisent que les gouverneurs des pays traversés devaient pourvoir aux besoins des envoyés de l'empereur en nourriture et assurer leur protection, car les bandits de grand chemin étaient courants à cette époque.
Verset 8
Je continue.
Ainsi qu'une lettre pour Asaph, l'intendant des forêts impériales, afin qu'il me fournisse du bois de charpente pour reconstruire les portes de la citadelle, près du Temple, et les murailles de la ville, et pour bâtir la maison où je m'installerai. L'empereur me procura ces lettres, car mon Dieu agissait avec bonté en ma faveur (Néhémie 2.8).
Tout comme son prédécesseur Esdras, Néhémie a conscience que l'Éternel oeuvre en sa faveur. Il n'empêche qu'il avait fait sa part en conduisant des recherches pour connaître le nom de celui qui était chargé de l'administration des forêts. Néhémie était loin du type contemplatif, c'est vrai qu'on le voit souvent prier, mais cela ne l'empêchait pas d'avoir l'esprit pratique. Or il savait fort bien que pour mener à bien ses projets, il aurait besoin de beaucoup de bois.
Selon l'historien juif Josèphe, ces forêts correspondent aux jardins de Salomon situés à une dizaine de kilomètres au sud de Jérusalem. Il y poussait des chênes, des térébinthes et autres essences convenant bien à la fabrication des grosses portes qui servaient d'accès à la ville. Néhémie voulait se construire une maison, remettre en état toutes les entrées des murailles ainsi que celles de la citadelle, une fortification destinée à protéger le Temple qui n'existait pas avant l'exil. Elle avait fait partie de certains travaux annexes auxquels les Juifs s'étaient livrés sous la direction d'Esdras pour fortifier leur capitale.
La permission accordée par Artaxerxès à Néhémie correspond au décret prophétisé par Daniel, 95 ans auparavant et que je cite:
Voici donc ce que tu dois savoir et comprendre: Depuis le moment où le décret ordonnant de restaurer et de rebâtir Jérusalem a été promulgué jusqu'à l'avènement d'un chef ayant reçu l'onction, il s'écoulera sept septaines et soixante-deux septaines. La ville sera rebâtie et rétablie avec ses places et ses remparts, en des temps de détresse (Daniel 9.25).
L'arrêté dont il est question dans ce passage est le 4e et dernier des 4 décrets proclamés par les empereurs perses concernant les Juifs. Le premier fut émis par Cyrus et confirmé par un second de Darius. Ils autorisaient la reconstruction du Temple de Salomon. Le troisième proclamé par Artaxerxès finançait les sacrifices d'animaux et autres frais liés au culte.
Ces trois premiers décrets sont sans rapport avec la reconstruction officielle des murs de Jérusalem. La prophétie de Daniel démarre le 5 mars de l'an 444 av. J-C et annonce après quelques calculs que 483 années plus tard viendrait le chef ayant reçu l'onction, c'est-à-dire Jésus-Christ.
Verset 9
Je continue maintenant le texte de Néhémie.
Je me rendis auprès des gouverneurs des provinces à l'ouest de l'Euphrate et je leur remis les lettres de l'empereur. L'empereur m'avait fait escorter par des officiers de l'armée et par des cavaliers (Néhémie 2.9).
Même en prenant la route la plus courte, ce voyage a duré au moins deux mois. En tant que haut dignitaire de la cour impériale envoyé en mission officielle, Néhémie avait droit pour sa protection à une escorte militaire en bonne et due forme. Le prêtre Esdras, avant lui, n'avait pas osé en demander une parce qu'il avait proclamé haut et fort que l'Éternel le protégerait ainsi que la caravane qu'il dirigeait, et c'est ce qui s'était passé.
Verset 10
Je continue.
Quand Sanballat, et Tobiya, le serviteur ammonite, apprirent mon arrivée, ils furent très mécontents que quelqu'un soit venu pour oeuvrer au bien des Israélites (Néhémie 2.10).
Selon un papyrus découvert en Égypte, Sanballat était le gouverneur de la Samarie. Il sera l'adversaire principal de Néhémie. C'est lui qui avait probablement démoli les murailles partiellement reconstruites par Esdras. Paradoxalement, cette action malveillante a éventuellement conduit à la restauration complète des murs de Jérusalem. En effet, lorsque Néhémie a appris ce fâcheux événement, il lui fit l'effet d'une bombe. Abasourdi et le coeur meurtri, il s'était alors tourné vers l'Éternel dans le jeûne et la prière. Ensuite, toujours motivé par cette mauvaise nouvelle, il se hasarda à demander à l'empereur la permission d'aller à Jérusalem afin d'en reconstruire les murailles.
Tobiya était le second de Sanballat et s'occupait pour son maître de la Transjordanie, l'ancien domaine des Ammonites, un peuple également déporté par les Babyloniens. Lui aussi s'opposera à Néhémie. Ces deux hommes voyaient d'un mauvais oeil l'établissement d'une province juive indépendante, car cela effriterait leur pouvoir politique dans la région. Le comble est que tous deux, sans être Juifs, étaient apparentés par mariage à des familles israélites influentes et qui jouissaient de grandes considérations, ce qui allait encore compliquer la tâche de Néhémie.
Quand l'ennemi est bien en vue, hors de ses rangs, c'est un adversaire qui peut être vaincu; mais lorsqu'il se trouve à l'intérieur, au milieu de ceux qui sont censés vous soutenir, cette traîtrise insidieuse est beaucoup plus difficile à combattre.
Versets 11-13
Je continue.
Une fois arrivé à Jérusalem, j'y restai trois jours. Puis je sortis de nuit, accompagné de quelques hommes, sans avoir dit à personne ce que mon Dieu m'avait mis à coeur d'entreprendre en faveur de Jérusalem. Je ne disposais pas d'autre bête que de ma propre monture. Je sortis cette nuit-là par la porte de la Vallée, et je me dirigeai vers la source du Dragon et vers la porte du Fumier. J'examinai les remparts de Jérusalem. Je constatai qu'il y avait des brèches presque partout et que les portes avaient été détruites par le feu (Néhémie 2.11-13).
C'est sur la pointe des pieds, avec seulement quelques hommes de confiance que Néhémie fait le tour des murailles pour se rendre compte exactement du travail qui l'attend. Il ne voulait surtout pas attirer l'attention de ses ennemis. La porte de la Vallée, qui s'appelle aujourd'hui Jaffa, donnait sur l'ouest. Celle du Fumier située à environ 500 m plus loin au sud-ouest de la ville avait ce nom parce que c'est par là qu'on sortait les immondices de la ville pour les amener dans la vallée de Ben-Hinnon où ils étaient brûlés.
À cet endroit, autrefois on y sacrifiait des enfants à la divinité Molok. Elle était représentée par une statue creuse et métallique dans laquelle on faisait un feu d'enfer. Ensuite, on offrait à ce faux dieu les petits enfants en holocauste en les déposant sur les bras étendus de l'idole chauffée à blanc; c'est ce qui s'appelait les faire passer par le feu . Cette vallée, qui s'appelle en hébreu gey ben Hinom, a donné le mot géhenne qui dans les Textes Sacrés est le symbole du lieu de malédictions réservées aux ennemis de Dieu.
Verset 14
Je continue le texte.
Je poursuivis vers la porte de la Source et passai près de l'Étang du roi, mais il n'y avait plus de passage pour ma monture (Néhémie 2.14).
Dans ces parages, la vallée se resserre devenant une véritable gorge. C'est pour cela que Néhémie dut mettre pied à terre pour passer au travers des décombres qui obstruaient le sentier. La porte de la Source conduisait à un point d'eau qui se trouvait à l'angle sud-est de la ville, mais aussi au lieu le plus bas où se trouvait le plus d'eau. Cette porte permettait de se rendre à l'intersection de deux vallées et quatre sources, celle de la Vierge, de Siloé, l'étang de Siloé et plus au sud, celle de Job aussi appelée source de Néhémie.
À cet emplacement se trouve aujourd'hui la porte des Maugrabins. L'étang du roi correspond à la piscine de Siloé. C'est le roi Ézéchias qui avait fait détourner les eaux d'une source dans un canal souterrain pour alimenter la ville en eau potable en cas de siège et pour irriguer les jardins royaux. Il est question de cet étang dans l'Évangile, car c'est là qu'est allé se laver l'aveugle-né guéri par Jésus. Je lis des extraits de ce passage:
En partant, Jésus aperçut sur son chemin un homme qui était aveugle de naissance. Jésus cracha par terre et, avec sa salive, il fit un peu de boue qu'il appliqua sur les yeux de l'aveugle. Puis il lui dit:? Va te laver au réservoir de Siloé. L'aveugle alla se laver et, à son retour, il voyait (Jean 9.1, 6-7).
Versets 15-16
Je continue le texte.
Je remontai, toujours de nuit, par la vallée du Cédron en continuant d'examiner la muraille. Puis je fis demi-tour et je rentrai par la porte de la Vallée. Les chefs de la ville ignoraient où j'étais allé et ce que j'avais fait. Jusque là, je n'avais informé ni les Juifs, ni les prêtres, ni les notables, ni les chefs, ni les autres responsables qui s'occupaient des travaux (Néhémie 2.15-16).
Néhémie a donc commencé par faire un état des lieux discret, sans tambour ni trompette. Il voulait d'abord être informé sans ameuter quiconque et surtout pas ses ennemis. Il examine la situation avec soin, il réfléchit et ensuite il prend des décisions.
Versets 17-18
Je continue.
C'est alors seulement que je leur dis:? Vous voyez vous-mêmes quel est notre malheur ! Jérusalem est en ruines et ses portes ont été détruites par le feu ! Allez, reconstruisons le rempart de Jérusalem pour que nous ne soyons plus dans cette situation humiliante ! Je leur racontai ensuite comment la main bienveillante de mon Dieu avait agi pour moi avec bonté, et je leur rapportai ce que l'empereur m'avait dit. Ils s'écrièrent aussitôt:? Levons-nous et effectuons les travaux de reconstruction. Ainsi ils prirent courage pour réaliser cette belle oeuvre (Néhémie 2.17-18).
Maintenant, Néhémie passe à l'action. Il révèle aux Juifs la raison de sa venue et les encourage en leur expliquant comment il avait été l'objet de la grâce de Dieu et de la faveur de l'empereur. C'est ainsi qu'il a réussi à renverser la vapeur. De déprimés, les Juifs ont repris espoir et se sont mis à l'ouvrage. Néhémie avait toutes les qualités d'un grand meneur d'hommes. Il croyait en sa mission et n'avait pas peur de s'engager à fond.
Bien préparé, il faisait aussi preuve de bon sens dans l'accomplissement de l'oeuvre de Dieu. Pieux et homme de prière, il avait une confiance à toute épreuve en Dieu sur lequel il prenait fermement appui. Il s'est aussi montré plein de tact, avisé et prudent tout au long de ce récit. Il savait utiliser avec sagesse les ressources qui étaient à sa disposition et se fixer un objectif raisonnable qui pouvait être atteint. Néhémie était le genre d'homme que je voudrais bien avoir comme conseiller.
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