Radio Chrétienne
Un programme pour étudier toute la Bible en quatre ans
Chapitre 10
Verset 22
La façon dont Monsieur Tout le monde perçoit habituellement le christianisme se résume en général à deux listes: une qui comprend tous les comportements qui doivent être adoptés, et l'autre plus longue qui énumère tous ceux qui sont à éviter. Cette vision grossièrement caricaturale de ce qu'est un chrétien authentique ne cadre pas avec l'enseignement des Écritures. C'est vrai que les dix commandements mettent un holà indispensable à certains agissements plus que répréhensibles, mais leur but est le même que le code de la route. Pour pouvoir circuler librement et en toute sécurité, nous devons tous le respecter. Si c'était la loi de la jungle qui prévalait dans la rue et sur les routes, la race humaine aurait déjà disparu. La liberté chrétienne est un sujet tellement important que l'apôtre Paul en parle à plusieurs reprises dans la première Épître qu'il écrit à l'Église de Corinthe.
Versets 23-24
Je continue à lire dans le chapitre 10.
Oui, tout m'est permis, mais tout n'est pas bon pour nous. Tout est permis mais tout n'édifie pas la communauté. Que chacun de vous, au lieu de songer seulement à lui-même, recherche aussi les intérêts des autres (1Corinthiens 10.23-24).
Les Textes Sacrés donnent des directives dans beaucoup de domaines, c'est vrai, et en particulier sur tout ce qui touche ma relation avec Dieu et avec autrui. Cela dit, les Écritures sont muettes concernant de très nombreux sujets. Par exemple, il est plus que certain que les premiers chrétiens se demandaient s'ils pouvaient continuer à assister à certaines rencontres athlétiques qui se déroulaient au Colisée, cet immense amphithéâtre de Rome qui pouvait accommoder 100 000 spectateurs. Il est probable que l'apôtre Paul a dû y aller parce que dans ses illustrations on se rend compte qu'il est très familier avec les règles qui gouvernaient le monde du sport.
Mais comme on ne peut pas rédiger un livre qui couvrirait tous les cas de figure possibles et imaginables, il faut s'en tenir à un certain principe. La liberté du chrétien doit être gouvernée par la présence des autres que je dois aimer et dont les droits sont tout aussi importants que les miens. Ma façon d'agir aura des répercussions sur tous ceux que je côtoie, sur mon environnement social; c'est ce qu'on appelle la loi de l'influence, et il n'est pas possible de l'éviter.
Versets 25-26
Je continue le texte.
Vous pouvez manger de tout ce qui se vend au marché sans vous poser de questions, par scrupule de conscience, sur l'origine de ces aliments. Car la terre et ses richesses appartiennent au Seigneur (1Corinthiens 10.25-26).
Paul revient à nouveau sur le problème de manger ou pas de la viande qui à cette époque provenait généralement des sacrifices offerts aux faux dieux dans les temples païens. Elles étaient vendues au marché, mais également consommées sur place lors de fêtes organisées à différentes occasions. Le fait de ne pas y participer posait un véritable casse-tête, car il s'opposait aux conventions sociales, ce qui n'était pas sans conséquence familial ou économique. Paul a déjà dit qu'il valait mieux éviter de faire bonne chère au milieu des païens idolâtres afin de ne pas offenser qui que ce soit.
Par contre, pour ce qui est d'acheter de telles viandes et de les consommer chez soi, l'apôtre adopte un point de vue qui est tout à fait contraire à la position juive traditionnelle. Il ne voit aucun obstacle à ce que le chrétien fasse son marché sans se poser des questions. Rien ne pouvait en effet contaminer spirituellement les aliments puisque de toute façon tout appartient à Dieu. Le croyant comme tout autre homme peut jouir de tout ce que Dieu a créé, sa beauté comme ses produits, à l'intérieur de certains paramètres moraux bien sûr. Il coule de source que je n'ai pas le droit d'aller chez mon voisin lui voler son steak parce qu'il est plus beau que celui que j'ai acheté.
Verset 27
Je continue le texte.
Si un non-croyant vous invite et que vous désiriez accepter son invitation, mangez tranquillement de tout ce qu'on vous servira, sans vous poser de questions par scrupule de conscience (1Corinthiens 10.27).
Les chrétiens sont tout à fait libres de manger tout ce qu'ils veulent sans scrupules, sans chercher midi à 14 heures. En cela, ils ont un avantage indéniable sur les Juifs orthodoxes par exemple, pour qui tous les aliments doivent être kascher, c'est-à-dire conformes à certaines règles plus ou moins pointilleuses. Cela est particulièrement important en ce qui concerne justement la viande, car les animaux doivent être abattus et préparés selon certains rites. Quand je suis invité chez quelqu'un, je me moque pas mal d'où proviennent les aliments. Je ne demande pas si le boucher est chrétien ou si l'épicier s'accorde bien avec sa femme. Moi, je mange de bon coeur tout ce qui m'est servi. Alors, invitez-moi !
Versets 28-30
Je continue.
Mais si quelqu'un vous dit: «Cette viande a été offerte en sacrifice à une idole», alors n'en mangez pas à cause de celui qui vous a prévenus et pour des raisons de conscience.? Par conscience, j'entends, évidemment, non la vôtre, mais la sienne.? Pourquoi, en effet, exposerais-je ma liberté à être condamnée du fait qu'un autre a des scrupules de conscience? Si je mange en remerciant Dieu, pourquoi serais-je critiqué au sujet d'un aliment pour lequel je rends grâce à Dieu? (1Corinthiens 10.28-30).
Si un autre invité m'informe que la viande qui nous est servie provient d'un sacrifice païen, alors là, prudence ! Je suis dans un champ de mines. Je dois en effet me plier aux scrupules mal éclairés de cette personne qui a soulevé le problème. Si j'exerçais ma liberté de manger une telle viande, je l'offenserais ou pire encore, j'exercerais peut-être sans le savoir une pression psychologique sur lui au point où il se sentirait obligé de suivre mon exemple afin de ne pas perdre la face devant notre hôte.
En agissant à l'encontre de sa conscience, il se ferait du tort et commettrait une faute contre Dieu, ce serait indirectement de ma faute et j'en serais blâmé. Ce n'est pas que j'ai à changer mes convictions pour qu'elles s'accordent avec la conscience troublée et déréglée de cette personne, mais toutefois j'adapterais ma conduite en fonction de sa faiblesse et je mangerai un bifteck un autre jour quand il ne sera pas présent. Comme ça, tout le monde est content.
Dans la pratique d'aujourd'hui, si je suis au restaurant avec un musulman, la moindre des délicatesses est de ne pas commander du jambon. Au contraire, ce sera pour moi l'occasion de savourer un bon gigot d'agneau. Pareillement, si je suis avec quelqu'un qui pense que l'alcool est une drogue dont tout le monde devrait s'abstenir, je ne vais pas essayer de le raisonner, mais je boirai de l'eau. Je suis libre dans les deux sens, de consommer de tout et de ne pas le faire. En définitive, c'est l'amour pour les autres qui doit guider mes comportements.
Versets 31-32
Je continue.
Ainsi, que vous mangiez, que vous buviez, bref, quoi que ce soit que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. Mais que rien, dans votre comportement, ne soit une occasion de chute, ni pour les Juifs, ni pour les païens, ni pour les membres de l'Église de Dieu (1Corinthiens 10.31-32).
Certes, je ne peux pas plaire à tout le monde à la fois, mais je dois m'efforcer de ne pas offenser ceux avec qui je suis en contact direct. Cela vaut pour tout, non seulement pour les aliments, mais aussi pour ma tenue vestimentaire, ma coupe de cheveux et tout le reste. Ma liberté de faire ce que je veux s'arrête non seulement là où commence celle de mon prochain, mais à sa façon de voir les choses et à sa susceptibilité, à la faiblesse de sa conscience. Les Corinthiens avaient posé une question précise à Paul concernant l'attitude à adopter vis-à-vis des viandes provenant des sacrifices païens. L'apôtre y a répondu, et maintenant il élargit sa réponse en tirant un principe qu'il applique à tous les domaines de la vie. La conduite du chrétien n'est pas dictée par: est-ce que je suis obligé de faire ceci et de ne pas faire cela, mais doit rechercher la gloire de Dieu. Cela veut simplement dire qu'il met en pratique les deux plus grands commandements de la Loi de Moïse. Dans l'Évangile, Jésus a même dit que tout l'enseignement contenu dans l'Ancien Testament est résumé par ceux-ci. Je cite le passage:
Maître, quel est, dans la Loi, le commandement le plus grand? Jésus lui répondit:? Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C'est là le commandement le plus grand et le plus important. Et il y en a un second qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu'enseignent la Loi et les prophètes est contenu dans ces deux commandements (Matthieu 22.36-40).
Verset 33
Je finis ce sujet de la liberté chrétienne.
Agissez comme moi qui m'efforce, en toutes choses, de m'adapter à tous. Je ne considère pas ce qui me serait avantageux, mais je recherche le bien du plus grand nombre pour leur salut (1Corinthiens 10.33
Chapitre 11
Verset 1
Suivez donc mon exemple, comme moi, de mon côté, je suis celui du Christ (1Corinthiens 11.1).
Fin du chapitre 10, verset 33 et chapitre 11, verset 1.
Finalement, l'apôtre exhorte les Corinthiens à faire comme lui en ce qui concerne le domaine des libertés chrétiennes. Paul était un homme des plus remarquables, un être exceptionnel. Il ne vivait que pour le bien des autres, cherchant avant tout à les conduire au Christ afin qu'ils obtiennent la vie éternelle. Il n'y avait pas, semble-t-il, la moindre parcelle d'égoïsme en cet homme.
Verset 2
Je continue le chapitre 11.
Je vous félicite de vous souvenir de moi en toute occasion et de maintenir fidèlement les instructions que je vous ai transmises (1Corinthiens 11.2).
Les Corinthiens avaient fait savoir à l'apôtre Paul soit dans leur lettre soit par l'entremise de leur porte-parole qu'ils lui demeuraient fidèles ainsi qu'à son enseignement concernant les principes de la foi en Jésus-Christ tels qu'il les leur avait communiqués. Par conséquent, il était fier d'eux comme le serait le père d'un enfant obéissant. Paul appréciait sans aucun doute la bonne volonté des Corinthiens à son égard, mais ce qu'il voulait par-dessus tout, c'était que leur conduite soit en accord avec leur vocation chrétienne. Comme prélude à son exhortation, il va poser un fondement théologique, c'est-à-dire un enseignement sur lequel il va construire la suite de son discours.
Verset 3
Je continue.
Je voudrais cependant attirer votre attention sur un point: le Christ est le chef de tout homme, l'homme est le chef de la femme, le chef du Christ, c'est Dieu (1Corinthiens 11.3).
Dans tout ce passage, Paul va utiliser plusieurs fois le même terme Kephalé qui a donné en français le mot céphalée. Selon le contexte, Kephalé signifie tête, qui est la partie du corps donnant la direction à suivre, ou encore chef avec l'idée de soumission. Il est utile de savoir que l'apôtre aurait pu utiliser d'autres mots grecs qui renvoient à la notion d'autorité, mais il ne les a pas choisis, car il voulait évidemment éviter de trop fortes connotations d'autoritarisme. Ce fut judicieux de sa part, car le sujet qu'il va aborder est particulièrement délicat et encore plus pour nous en ce début du 21e siècle en Occident.
Ailleurs dans cette lettre, ainsi que dans une autre Épître, l'apôtre énonce la subordination de Jésus-Christ à Dieu de plusieurs manières. Dans l'Évangile, nous lisons des paroles quelque peu mystérieuses et qu'il ne nous est pas possible de vraiment comprendre, car elles touchent au coeur même de la Trinité. Jésus a dit à ses disciples d'une part:
Moi et le Père nous sommes un, et d'autre part: Si vous m'aimiez, vous seriez heureux de savoir que je vais au Père, car le Père est plus grand que moi (Jean 10.30; 14.28).
Dans une autre de ses Épîtres, l'apôtre Paul décrit la soumission volontaire du Christ. Je lis ce passage:
Jésus-Christ, lui qui, dès l'origine, était de condition divine, ne chercha pas à profiter de l'égalité avec Dieu, mais il s'est dépouillé lui-même, et il a pris la condition du serviteur. Il se rendit semblable aux hommes en tous points, et tout en lui montrait qu'il était bien un homme. Il s'abaissa lui-même en devenant obéissant, jusqu'à subir la mort, oui, la mort sur la croix (Philippiens 2.6-8).
Paul utilise l'exemple de soumission du Christ pour exhorter ses lecteurs à adopter cette même attitude d'humilité vis-à-vis des autres. Jésus a choisi de quitter son état éternel de seconde personne de la Trinité pour descendre sur terre et même plus bas que terre. Il a donné sa vie de sa propre volonté. C'est ce qu'il affirme dans l'Évangile. Je cite le passage.
Personne ne peut m'ôter la vie: je la donne de mon propre gré. J'ai le pouvoir de la donner et de la reprendre. Tel est l'ordre que j'ai reçu de mon Père (Jean 10.18).
Dans l'égalité qui lie le Père et le Fils dans la divinité, il existe un ordre qui les différencie et que Paul exprime au moyen du mot chef . De même, dans la dépendance mutuelle qui lie l'homme et la femme et dans leur égalité devant Dieu, il existe un ordre qui les distingue. Les hiérarchies dans l'univers ainsi que la notion d'autorité ont été ordonnées par Dieu que ce soit dans l'organisation de l'État, dans l'Église ou à la maison. Dans l'ordre normal des choses et de la création, tout être humain devrait avoir Jésus-Christ pour Maître.
Dans la réalité, l'immense majorité des hommes est soumise à toutes sortes de vices comme l'argent, l'alcool ou les passions. Dans le premier livre des Confessions , saint Augustin a écrit que le coeur de l'homme est tourmenté jusqu'à ce qu'il trouve le repos en Jésus. Tous ceux qui à l'exemple de Paul ont accompli de grandes choses pour Dieu avaient le Christ pour Maître.
Verset 4
Je continue notre texte.
Si donc un homme prie ou prophétise la tête couverte, il outrage son chef (1Corinthiens 11.4).
Paul énonce une vérité qu'il n'explique pas le moins du monde tant elle devait être évidente. Pour nous qui sommes hors du contexte juif et détachés des valeurs du premier siècle, il lance une petite bombe. Son affirmation émane du fait que dans l'ordre de la création, l'homme a été créé le premier, avant la femme, et à l'image de Dieu qu'il représente sur terre. L'homme qui prie ou prophétise exerce une activité par laquelle il devient un en esprit avec Dieu. Or se couvrir la tête est un signe de subordination, mais Dieu ne se soumet à personne puisqu'il est le Créateur du ciel et de la terre. En conséquence, l'homme qui exerce une activité spirituelle, parce qu'il représente Dieu, ne doit pas non plus se couvrir la tête.
Verset 5
Je continue.
Mais si une femme prie ou prophétise la tête non couverte, elle outrage son chef à elle, car elle se place ainsi sur le même plan qu'une «femme tondue» (1Corinthiens 11.5).
Aujourd'hui, l'apôtre Paul n'obtiendrait guère de suffrages de la part de la gent féminine s'il se présentait aux élections. Au premier siècle de notre ère, c'était la coutume quasi universelle pour les femmes «bien» de culture juive ou gréco-romaine de se couvrir la tête. Elles utilisaient un voile qui était une partie du vêtement extérieur que l'on remontait comme un capuchon. Or à cette époque, les prêtresses païennes adoraient les fausses divinités. Or, les cheveux libres, la tête non voilée et la débauche faisaient partie de ce culte. Les prostituées sacrées de Corinthe qui étaient attachées au temple d'Aphrodite ne portaient pas de voile et certaines étaient même rasées.
Pour y avoir séjourné longuement, l'apôtre connaissait très bien la ville et les vices qui l'avaient rendue célèbre. C'est ce qui permet de comprendre ses propos. Tout comme les hommes, les femmes chrétiennes avaient la liberté de participer à la prière et à la prophétie à condition qu'elles aient la tête couverte à cause du contexte idolâtre de Corinthe. Ce signe socioculturel exprimait dans l'Église la dépendance de la femme à l'égard de l'homme et de Dieu. Je sais bien que je suis en train de ramer à contre-courant, mais dans l'ordre de la création, Adam a été créé en premier puis Ève ensuite pour qu'elle soit son aide et son soutien. C'est ainsi que Dieu l'a voulu et il demande à ce qu'on respecte sa volonté. Ceux qui choisissent d'en faire à leur tête en subiront les conséquences.
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