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Introduction
Introduction
Lorsqu'un auteur écrit une bibliographie ou l'histoire d'un peuple, il adopte une certaine perspective. Quelqu'un d'autre couvrira les mêmes événements, mais en les regardant sous un angle différent. Les Textes Sacrés font de même concernant Israël. C'est ainsi que les Chroniques parcourent la même période historique que les livres des Rois. Les versions françaises des Écritures saintes comprennent deux livres des Chroniques, alors que dans le texte hébreu, ils ne forment qu'un seul ouvrage puisqu'ils se suivent sans coupure.
Leur titre originel pourrait se traduire par Événements de l'histoire. Dans l'ancienne version grecque, les Chroniques sont appelées Choses laissées de côté, ce qui laisse supposer qu'ils sont considérés comme un supplément aux livres de Samuel et des Rois. C'est Jérôme, un de ceux qu'on appelle Pères de l'Église, qui dans l'ancienne version latine a donné à cet ouvrage le titre de Chronique de toute l'histoire sacrée. C'est de là que vient le nom de Chroniques dans nos versions modernes. Il s'agit en effet du récit de l'histoire du peuple de Dieu et de ses rois, depuis Adam jusqu'à l'exil, en trois grandes parties.
- En premier lieu sont données des listes généalogiques allant du premier homme à la période du chroniqueur;
- Ensuite, c'est l'histoire des règnes de David et de Salomon;
- Et troisièmement, l'histoire du royaume de Juda.
Le canon hébraïque est divisé en trois grandes parties; à la fin de la troisième se trouvent Les Chroniques qui terminent donc l'Ancien Testament. La tradition attribue la rédaction de ces livres à Esdras, un prêtre et un théologien particulièrement zélé, qui fut chargé par l'empereur perse Artaxerxès de veiller à l'application de la Loi de Moïse en Juda. En réalité, on ne sait pas qui est le véritable auteur.
Les livres des Chroniques sont un exemple de l'application d'un principe qu'on trouve dans les Écritures et qui s'appelle récapitulation . Je m'explique. Dans un premier temps, le Texte Sacré couvre beaucoup d'événements historiques et de vérités théologiques. Ensuite, il revient et choisit certaines sections dont il veut élargir le champ. C'est comme si l'auteur prenait d'abord un télescope pour parcourir un espace très étendu, puis un microscope pour se focaliser sur des détails historiques d'une période donnée. C'est ce que fait le chroniqueur.
Ce principe de récapitulation est introduit dès le début du livre de la Genèse. En effet, le second chapitre passe très vite sur la création du monde, pour s'arrêter longuement sur l'apparition de l'homme fait à l'image de Dieu. De même, le livre du Deutéronome, mot qui veut dire seconde loi, est beaucoup plus qu'une répétition des préceptes de Moïse. C'est une interprétation de la Loi à la lumière de l'expérience douloureuse des 40 années de pérégrinations du peuple hébreu dans le désert.
Dans les Chroniques, Dieu passe en revue en partie ce qu'il avait déjà couvert dans les livres de Samuel et des Rois dans le but d'ajouter des informations ici et là et de mettre en valeur certaines vérités qu'il considère importantes. Le chroniqueur peint un tableau très lumineux des règnes de David et de Salomon. Leur royaume est vu sous un angle théocratique, c'est-à-dire que les rois sont considérés comme des serviteurs de l'Éternel assis sur son trône pour gouverner son peuple. Ils sont donc tenus d'obéir à sa Loi et chargés de promouvoir son culte. La légitimité des institutions cultuelles d'Israël est appuyée par l'auteur qui affirme que l'Éternel a souverainement choisi David comme roi, la tribu de Lévi pour exercer les fonctions cultuelles, et la ville de Jérusalem comme centre politique et cultuel pour son peuple.
Les Chroniques s'inscrivent donc dans la perspective du royaume éternel de Dieu, qui est parfait et qui sera instauré par Jésus-Christ sur terre pendant 1 000 ans. Cette vision messianique explique pourquoi le chroniqueur omet les récits de la jeunesse de David et de ses démêlés avec le roi Saül, les guerres entre Juda et le royaume du Nord. Il ne mentionne pas non plus l'adultère et le meurtre que David a commis, ni les malheurs terribles qui ont frappé la famille royale, comme l'inceste d'un des fils du roi suivi de son assassinat, puis la révolte d'un autre suivi de son exécution. Le chroniqueur passe aussi sous silence le jugement de l'Éternel que constituaient les 3 années de famine. Il oublie également les péchés de Salomon: son idolâtrie et sa désobéissance flagrante à la Loi. En effet, il se constitua un harem de mille femmes, dont beaucoup d'étrangères, et il fit venir d'innombrables chevaux d'Égypte pour montrer sa puissance et flatter son orgueil. Toutes ces fautes ne sont pas mentionnées parce que dans la perspective religieuse, elles sont considérées comme pardonnées; Dieu ne revient donc pas dessus.
L'auteur décrit le soutien unanime de tout Israël lors de l'installation de Salomon sur le trône en grande pompe. Par contre, il tait la tentative du frère aîné de prendre le pouvoir ainsi que le ralliement à son parti du chef de l'armée et du grand-prêtre. Le chroniqueur ne mentionne pas non plus les diverses révoltes qui ont marqué la fin du règne de Salomon; rien ne vient entamer l'image glorieuse de ce roi. De plus, l'auteur des Chroniques répète trois fois la promesse de l'Éternel à David d'une dynastie éternelle. Il dresse un portrait quasi idéal de David et de Salomon parce que ces rois préfigurent le Messie. Le chroniqueur n'a donc choisi de retenir que ce qui anticipait sa venue, comme la fidélité à l'Éternel et à sa Loi, et le souci de la gloire de Dieu que célèbrent les institutions cultuelles.
Pour composer son ouvrage, l'auteur a utilisé de nombreuses sources; certaines font partie des Textes Sacrés et d'autres ne nous sont pas parvenues. Cependant, il ne s'est pas contenté de faire du rapiéçage. Il a soigneusement sélectionné et arrangé ses matériaux et il les a présentés de manière à servir ses buts particuliers. Les omissions comme les ajouts et les retouches apportés aux récits sont significatifs et relèvent d'une intention évidente. C'est donc une oeuvre à part entière qui véhicule une vision donnée et un but bien défini. C'est d'abord un ouvrage théologique ayant une visée pastorale qui répond aux besoins et aux préoccupations des lecteurs originels.
Les Chroniques s'adressent à la communauté israélite revenue de l'exil babylonien. Elle savait bien que la destruction de Jérusalem et du Temple ainsi que leur captivité en terre étrangère sanctionnaient la rupture de l'alliance avec l'Éternel. Moïse les avait avertis que cela arriverait. Mais on peut imaginer les questions que les Juifs se posaient alors. Sont-ils encore le peuple de Dieu? L'alliance avec Abraham est-elle désormais caduque? Juda n'étant plus maintenant qu'une province de l'empire perse, qu'en est-il des promesses d'une dynastie éternelle faites à David? C'est à ses questions que répondent les Chroniques contrairement aux livres des Rois, qui eux retracent l'évolution des monarchies israélites du Nord et de Juda selon une perspective politique avec le trône et le palais royal comme point de mire.
Dans les Chroniques, l'histoire de la nation est racontée selon le point de vue de l'Éternel. C'est l'intérêt pour le culte qui domine: le coffre de l'alliance, le Temple, le personnel cultuel, les prêtres et les lévites, les célébrations cultuelles, la liturgie, les prières et les louanges, les offrandes pour le Temple et son personnel retiennent l'attention du Chroniqueur et donnent lieu à de nombreuses additions par rapport aux livres de Samuel et des Rois. La remise en route du culte et son maintien étaient certainement la question majeure pour la communauté à laquelle l'auteur a destiné son oeuvre. À côté de l'obéissance à la Loi, l'attachement aux institutions cultuelles était le moyen de marquer la continuité avec David et Salomon et de contribuer, à cette époque, à la réalisation du plan de Dieu et de ses promesses concernant l'établissement du royaume messianique.
Les livres des Chroniques s'ouvrent, sans aucune introduction, par des listes généalogiques qui occupent les 9 premiers chapitres. Ceux-ci se subdivisent en 3 sections:
- Premièrement, d'Adam à Jacob et ses 12 fils qui devinrent le peuple d'Israël;
- Ensuite, les 12 tribus telles qu'elles étaient avant leur déportation;
- Et troisièmement, la communauté contemporaine au chroniqueur.
Les listes généalogiques sont données pour montrer la continuité entre la communauté juive contemporaine de retour d'exil et Israël avant son expulsion de Palestine. L'auteur veut prouver que ce qui reste d'Israël en exil est l'héritier légal des promesses faites autrefois à ce peuple. Les listes englobent les 12 tribus et montrent la présence après l'exil de ressortissants des tribus du Nord dans la ville de Jérusalem ancienne capitale du royaume du Sud.
Chapitre 1
Versets 1-4
Je commence à lire le 1er chapitre.
Adam, Seth, Énoch, Qénân, Mahalaleél, Yéréd, Hénoc, Mathusalem, Lémek, Noé, Sem, Cham et Japhet (1Chroniques 1.1-4).
Le chroniqueur commence avec Adam et l'ensemble de l'humanité parce qu'il a l'intention de montrer qu'Israël a été choisi par l'Éternel du milieu des autres nations pour former son peuple. D'Adam à Noé, les noms représentent une succession de générations. Par contre, Sem, Cham et Japhet sont les trois fils de Noé qui ont repeuplé la terre après le déluge.
Versets 5-53
Le texte continue avec la généalogie de la race humaine qui est tirée de la table des nations du 10e chapitre de la Genèse. Elle énumère les descendants des fils de Noé: Japhet, 14 nations, puis de Cham, 30 nations pour aboutir au choix de l'Éternel, c'est-à-dire les descendants de Sem, 26 nations dont Israël; au total 70 nations.
Ce principe qui consiste à citer en dernier la lignée élue se retrouve par la suite et dans l'ensemble des Textes Sacrés. La descendance de Sem aboutit à Abraham; tous ses fils sont mentionnés avec Isaac en dernier, car il est l'enfant de la promesse. Ensuite vient Jacob à qui l'Éternel donnera le nom d'Israël. Je vous fais grâce de la lecture de ces listes généalogiques barbantes, mais aussi complexes parce qu'elles n'indiquent pas toujours des liens biologiques. Elles sont plutôt le miroir de l'organisation sociale ou militaire d'une tribu ou d'un clan à un moment donné. Cette pratique est encore attestée aujourd'hui dans les sociétés tribales.
Chapitre 2
Introduction
Puis vient le chapitre 2 où est présentée la généalogie de Jacob qui va se poursuivre jusqu'au chapitre 9. L'auteur commence par les descendants de Juda. Il a donné au texte une structure concentrique, la section centrale mettant en relief la personne de David, à qui l'Éternel a fait la promesse d'une dynastie perpétuelle.
Chapitre 3
Introduction
Le chapitre 3 est comme une loupe qui se focalise sur la famille de David. Le chroniqueur s'intéresse plus particulièrement à lui, car c'est sa lignée royale qui bénéficie des promesses divines et d'où sera issu le Messie.
Verset 5
Je lis le verset 5 du chapitre 3.
Voici la liste des fils de David qui lui naquirent à Jérusalem: Chimea, Chobab, Nathan, Salomon, tous les quatre de Bath-Chéba, fille d'Ammiel (1Chroniques 3.5).
C'est en lisant les noms des membres de la famille de David qui nous sont donnés ici que nous découvrons qu'il avait des fils qui ne sont pas mentionnés dans les livres des Rois, comme Chimea et Chobab. On connaît bien Salomon, mais qui est ce Nathan? Si on se reporte à la généalogie du Christ dans l'Évangile de Luc, l'auteur nous informe que Marie, la mère de Jésus, est une descendante de Nathan.
L'Évangile de Matthieu fait remonter le Christ à Salomon, ce qui lui donne le droit légal au trône. Par ses parents humains, Jésus descend de deux fils de David. Ces détails sont très importants. En effet, parmi les descendants de Salomon se trouve un certain Yékonia qui aurait dû monter sur le trône, seulement voilà, l'Éternel l'a maudit. Je cite le passage:
Voici ce que déclare l'Éternel: «Inscrivez que cet homme sera privé d'enfants pendant toute sa vie, et il ne réussira rien. Parmi ses descendants, aucun n'accédera au trône de David pour régner sur Juda» (Jérémie 22.30).
Yékonia a ainsi provoqué un court-circuit dans la lignée qui va de Salomon au Messie. En conséquence, Joseph, le père de Jésus avait bien le droit légal de s'asseoir sur le trône de David puisqu'il faisait partie de sa dynastie, mais à cause de son ancêtre maudit il ne le pouvait pas. Lorsque le Christ s'est dit le prétendant légitime au trône de David, il déclarait en quelque sorte que Joseph était son père adoptif et non biologique. C'est par sa mère Marie que le Christ a reçu le droit physique de régner sur Israël. Dans l'Évangile de Jean en particulier, Jésus déclare publiquement que c'est Dieu lui-même qui l'a engendré. C'est d'ailleurs le chef d'accusation principal que les religieux ont retenu contre lui pour le faire exécuter.
Chapitre 5
Introduction
Tout ceci nous amène au chapitre 5 qui donne les généalogies des tribus du Nord déportées en Assyrie en l'an 722 av. J-C. Le chroniqueur tient à les mentionner parce qu'elles font partie du tout Israël, une de ses expressions favorites et un de ses thèmes récurrents. Cependant et sans explication, il passe sous silence deux tribus, celles de Dan et de Zabulon. Il est vrai que les prophètes avaient annoncé que la restauration d'Israël serait composée de divers éléments reconstitués, et que le nouveau peuple de Dieu se réduirait à un reste.
Versets 1-2
Je lis le début du chapitre 5.
Ruben était le premier-né d'Israël, mais parce qu'il avait eu des relations sexuelles avec l'une des femmes de son père, son droit d'aînesse fut donné aux fils de Joseph, fils d'Israël; ainsi Ruben ne fut pas recensé comme l'aîné. Juda fut puissant parmi ses frères, et de lui est issu le prince d'Israël, c'est-à-dire David, mais le droit d'aînesse appartenait à Joseph (1Chroniques 5.1-2).
Ruben avait violé l'intimité de son père, usurpant par là son autorité. La sanction de sa faute fut la perte de son droit d'aînesse. On constate que deux tribus sortent du lot: Joseph et Juda. Elles seront toutes deux à la tête d'un royaume israélite.
Chapitres 6-7
Versets 1-2
Le texte continue en passant en revue les tribus du Nord ainsi que les descendants de Lévi qui furent attachés au culte de l'Éternel; les uns devinrent prêtres, et les autres s'occupaient de toutes les tâches matérielles liées au fonctionnement du tabernacle puis du Temple.
Chapitre 8
Versets 1-2
Ensuite, le chroniqueur s'attarde sur la tribu de Benjamin au chapitre 8 parce que c'est d'elle qu'est issu Saül, le premier roi d'Israël.
Pour constituer toutes ces généalogies, l'auteur a puisé dans des livres de l'Ancien Testament et dans des sources extrabibliques qui nous sont inconnues, en particulier des listes de recensements militaires. Ces généalogies détaillées visaient à asseoir la légitimité tant de la dynastie de David que du sacerdoce des prêtres et des Lévites. Le chroniqueur désirait que la communauté qui était revenue d'exil rétablisse et maintienne l'ordre dynastique de David et cultuel lévitique.
Chapitre 9
Verset 1
Nous arrivons maintenant au chapitre 9 dont je lis le début.
Tout Israël a été recensé et inscrit dans les Annales des rois d'Israël. La population de Juda fut déportée à Babylone, à cause de ses infidélités (1Chroniques 9.1).
Les généalogies de chaque tribu étaient enregistrées et conservées dans le Temple de Jérusalem. Après sa destruction et la déportation de sa population, ces précieuses listes furent sauvegardées, emportées en captivité, puis ramenées après l'exil. Même du temps de Jésus-Christ, elles étaient encore disponibles dans le Temple reconstruit par Hérode. Ce n'est qu'en l'an 70, lorsque Jérusalem fut rasée par les Romains, que les généalogies furent détruites.
Cependant, comme elles servaient d'abord à situer le Messie par rapport à Abraham et David, ces listes avaient perdu leur véritable raison d'être. En effet, en l'an 70 de notre ère, le Christ était déjà venu, avait souffert sous Ponce Pilate, était ressuscité et remonté aux cieux. De plus, l'Église était bien implantée dans tout l'Empire romain. L'important est le fait que les tables généalogiques continuèrent à être tenues après l'exil et jusqu'à la venue de Jésus.
Aujourd'hui, nous n'en avons plus besoin, car il n'existe plus que deux familles, celle d'Adam dans laquelle tout le monde naît, et celle de la famille de Dieu dans laquelle naissent une seconde fois tous ceux qui placent leur confiance en Jésus-Christ. C'est là l'enseignement du Nouveau Testament. Je cite un passage:
Jésus répondit:? Vraiment, je te l'assure: à moins de renaître d'en haut, personne ne peut voir le royaume de Dieu. Oui, Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils, son unique, pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui échappent à la perdition et qu'ils aient la vie éternelle (Jean 3.3, 16).
La religion, les rites et les bonnes oeuvres ne peuvent aider quiconque à entrer dans le royaume de Dieu. Seule une foi personnelle en Jésus-Christ m'ouvre toute grande la porte du paradis.
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