Études bibliques

Chapitre 20

Versets 8-11

Lorsque quelqu'un est atteint d'une maladie grave et qu'il s'en sort, il est normal et fréquent qu'il exulte de joie à l'idée qu'un sursis de vie lui ait été accordé. Il arrive aussi que dans cet état euphorique, il se rende vulnérable en baissant ses gardes et commette des imprudences. C'est exactement de cette façon que s'est conduit Ézéchias, le roi de Juda, après que l'Éternel l'ait guéri de son mal.

Verset 12

Je continue à lire dans le chapitre 20 du second livre des Rois.

Vers cette même époque, Berodak-Baladân, roi de Babylone, fit parvenir un message et des présents à Ézéchias; car il avait appris sa maladie (2Rois 20.12).

Ce roi a régné et gouverné Babylone de 721 à 710 av. J-C. En 710, il dut se soumettre à Sargon II, roi d'Assyrie. Mais après la mort de ce dernier en 705, il réussit à reconquérir l'indépendance de Babylone, mais Sennachérib, le fils de Sargon II, l'en chassa deux années plus tard. C'est en 702, alors qu'il est en exil, que le roi de Babylone envoya à Ézéchias une carte lui souhaitant un bon rétablissement, ainsi qu'un petit cadeau. En réalité, cette ambassade avait surtout pour but d'enrôler Juda comme allié contre l'Assyrie.

Verset 13

Je continue.

Ézéchias se sentit flatté de la venue des envoyés et leur fit visiter tout le bâtiment où l'on conservait les objets précieux, l'argent et l'or, les aromates et les huiles parfumées. Il leur montra aussi son arsenal militaire et tout ce que contenaient ses trésors: il n'y eut rien dans son palais ni dans tout son royaume qu'Ézéchias ne leur fît voir (2Rois 20.13).

Le trésor royal servait à lever une armée et à se procurer des équipements militaires. En faisant voir son arsenal et ses trésors aux émissaires babyloniens, Ézéchias leur montrait donc qu'il pouvait être un allié de poids. Mais de telles alliances avec des nations étrangères étaient contraires à la volonté de Dieu, car elles constituaient un manque de confiance en lui et entraînaient un gros risque de contamination par l'idolâtrie de ces nations.

Versets 14-15

Je continue.

Alors le prophète Ésaïe se rendit auprès du roi Ézéchias et lui demanda:? Qu'ont dit ces gens et d'où sont-ils venus te rendre visite? Ézéchias lui répondit:? Ils sont venus de Babylone et ont vu tout ce qui se trouve dans mon palais. Je ne leur ai rien caché de mes trésors (2Rois 20.14-15).

Le roi n'a pas essayé de cacher au prophète qu'il avait offert une visite guidée des richesses et des forces militaires de son royaume. Il ne voyait pas ce qu'il y avait de mal à vouloir établir une alliance avec ce peuple.

Versets 16-18

Je continue.

Alors Ésaïe dit à Ézéchias:? Écoute ce que dit l'Éternel: «Un jour viendra où tout ce qui est dans ton palais et tout ce que tes ancêtres ont amassé jusqu'à ce jour sera emporté à Babylone. Plusieurs de tes propres descendants, issus de toi, seront emmenés et deviendront serviteurs dans le palais du roi de Babylone» (2Rois 20.16-18).

L'Éternel prononce un jugement à l'encontre d'Ézéchias qui à l'image du pan qui fait la roue, s'était enflé d'orgueil; il se comporte comme si la richesse et la puissance du royaume de Juda étaient dues à sa sagesse et à son ingéniosité. La prédiction, plus d'un siècle à l'avance, de l'exil babylonien est d'autant plus remarquable qu'à cette époque, l'Assyrie était la grande puissance régionale et que Babylone ne constituait pas une menace pour quiconque. Pourtant, le jour viendra où toutes les richesses du royaume, ainsi que des descendants du roi qui n'étaient encore pas nés, seront emmenées captifs à Babylone.

Verset 19

Je continue.

Ézéchias répondit à Ésaïe:? La parole de l'Éternel que tu viens de me transmettre est bonne. Car, ajouta-t-il, nous aurons donc la paix et la sécurité tant que je vivrai (2Rois 20.19).

Le roi semble éprouver une satisfaction égoïste du fait qu'il sera épargné par ce jugement à venir. Certes, il y a de ça, mais en même temps, Ézéchias accepte avec humilité le juste jugement de Dieu et exprime sa gratitude pour ce temps de paix qui lui est accordé.

Versets 20-21

Je finis le chapitre.

Les autres faits et gestes d'Ézéchias, tous ses exploits, ses réalisations, en particulier la construction du réservoir et de l'acqueduc pour amener l'eau dans la ville, tout cela est cité dans le livre des Annales des rois de Juda. Ézéchias rejoignit ses ancêtres décédés et son fils Manassé lui succéda sur le trône (2Rois 20.20-21).

Parmi tous les accomplissements d'Ézéchias, le plus important fut la réalisation d'un canal souterrain. Celui-ci permettait d'amener l'eau d'une source située hors de Jérusalem, jusqu'au réservoir de Siloé à l'intérieur des remparts de la ville afin d'assurer son alimentation en eau potable en cas de siège. Ensuite, le roi fit recouvrir la source d'eau afin qu'elle ne soit pas découverte et coupée par les Assyriens. En 1880, on a trouvé une inscription décrivant comment le tunnel avait été creusé à partir de ses deux extrémités et au travers de la roche sur près de 600 m. Ce fut un accomplissement technologique remarquable qui peut encore être admiré aujourd'hui.

En 697, Manassé devint corégent et régna en compagnie de son père jusqu'au décès de ce dernier en 686 av. J-C. Les rois d'une même dynastie se suivent et ne se ressemblent pas. Ahaz, le père d'Ézéchias, et Manassé son fils, furent tous deux des rois particulièrement impies aux yeux de l'Éternel. Par contre, l'auteur porte sur Ézéchias un verdict particulièrement élogieux. Il s'est montré pleinement fidèle à l'Éternel tout comme son ancêtre David. Cependant, il n'est pas exempt de reproches. En effet, et de manière assez difficile à comprendre, son attitude droite et fidèle envers l'Éternel se dégrada suite à la guérison miraculeuse dont il bénéficia. Je lis un passage tiré du livre des Chroniques des rois d'Israël:

Mais Ézéchias ne se conduisit pas ensuite d'une manière qui marque sa reconnaissance pour cela; au contraire, il devint orgueilleux et attira la colère de l'Éternel sur lui, sur Juda et sur Jérusalem. Alors il s'humilia de son orgueil et les habitants de Jérusalem firent de même, de sorte que l'Éternel ne fit pas éclater sa colère contre eux du vivant d'Ézéchias (2Chroniques 32.25-26).

Alors qu'il jouissait de la bénédiction de l'Éternel, ce roi est devenu arrogant ! Quel dommage et quel malheur ! C'est ainsi qu'il s'est vanté de ses richesses auprès de l'ambassade babylonienne comme si elles étaient le fruit de son travail ou de son ingéniosité. Et plus tard, il a accepté d'être rançonné par les Assyriens, leur donnant tout ce qu'il possédait, au lieu d'invoquer le secours de l'Éternel. C'est vrai qu'il s'est repenti, mais quand même.

Cela dit, le conflit qui opposait Ézéchias au roi assyrien n'était pas une simple dispute entre deux royaumes terrestres; l'auteur montre bien qu'il s'agissait d'une confrontation entre d'une part, la puissance militaire et les dieux païens assyriens, et d'autre part l'Éternel, le Créateur de toutes choses. Ce bras de fer atteste la souveraineté du Dieu vivant, unique et incomparable, et ce serait un non-sens que de vouloir le comparer aux divinités des nations païennes. Bien sûr, dans cette lutte, l'Éternel a eu gain de cause et a accordé la délivrance à Jérusalem en réponse à la fidélité du roi Ézéchias.

Cette victoire de Juda établit un contraste avec l'anéantissement et la disparition du royaume du Nord. Pour l'auteur du livre et ses contemporains, alors déportés à Babylone, cela signifie que la destruction annoncée de Jérusalem et l'exil des Israélites du royaume du Sud ne seraient pas survenus si ses rois et ses habitants étaient demeurés fidèles à l'Éternel. Voilà sans nul doute une pensée qui a dû leur donner maintes fois une tête d'enterrement.

Chapitre 21

Verset 1

Nous voici au chapitre 21 qui relate le règne de Manassé, un roi inique, en fait le pire de tous, et qui contraste comme la nuit au jour avec son père Ézéchias. Ce récit est un véritable crève-coeur, et une catastrophe pour le royaume de Juda, car comme va le roi, ainsi va la nation. Comment un homme pieux et fidèle à l'Éternel comme Ézéchias a-t-il pu engendrer un monstre comme Manassé? Voilà une question à laquelle il n'est pas facile de répondre. Je commence à lire ce chapitre déprimant.

Manassé était âgé de douze ans à son avènement. Il régna cinquante-cinq ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Hephtsiba (2Rois 21.1).

Ce roi commença en corégence avec son père en l'an 697 av. J-C. De manière tout à fait paradoxale du fait de sa perversité, c'est lui qui régna le plus longtemps sur Juda. Curieusement, la même chose s'est produite pour le royaume du Nord, où ce sont Jéroboam et Achab, des souverains particulièrement idolâtres et méchants, qui eurent les règnes les plus longs.

Versets 2-4

Je continue.

Manassé fit ce que l'Éternel considère comme mal et s'adonna aux mêmes pratiques abominables que les nations que l'Éternel avait dépossédées en faveur des Israélites. Il rebâtit les hauts-lieux que son père Ézéchias avait détruits, il érigea des autels à Baal, dressa un poteau sacré à la déesse Achéra comme l'avait fait Achab, roi d'Israël, et il se prosterna devant tous les astres du ciel, et leur rendit un culte (2Rois 21.2-3).

Le verdict de l'auteur est particulièrement négatif et à juste titre. Manassé imita Achab qui avait introduit les cultes idolâtres phéniciens en Israël. Il rétablit aussi l'adoration des astres, ce qui était un culte d'origine assyrienne. Cette pratique fait sourire, car ça ne fait pas sérieux, me direz-vous. C'est vrai, mais c'est plutôt une grimace qu'il me faut faire quand je songe aux millions de gens, ou plutôt milliards, qui dans le monde consultent fidèlement chaque jour leur horoscope ou s'adonnent à une forme quelconque d'astrologie. Contrairement à une idée reçue, l'humanité n'a fait aucun progrès dans le domaine religieux. D'une manière générale, l'homme est toujours dans les mêmes ténèbres spirituelles que Manassé.

Versets 4-5

Je continue.

Il construisit des autels païens dans le Temple de l'Éternel, malgré cette parole de l'Éternel:? C'est là, à Jérusalem, que j'établirai ma présence. Il érigea des autels en l'honneur de tous les astres du ciel dans les deux parvis du Temple de l'Éternel (2Rois 21.4-5).

Manassé n'a pas hésité à profaner les lieux sacrés avec son culte idolâtre. Il a construit des idoles aux abords du Temple, dans le parvis extérieur ouvert à tous les Israélites, mais aussi dans la cour intérieure qui était réservée aux prêtres et aux Lévites, à ceux qui avaient la charge et l'entretien des ustensiles sacrés.

Verset 6

Je continue.

Il alla même jusqu'à brûler son fils pour l'offrir en sacrifice. Il consultait les augures et les devins. Il installa des gens qui évoquaient les morts et qui prédisaient l'avenir. Il multiplia les actes que l'Éternel considère comme mauvais et l'irrita de cette manière (2Rois 21.6).

C'est à la divinité Molok adorée par le peuple ammonite que ce roi pervers offrit son propre fils en sacrifice. C'était l'horreur. Comme je l'ai déjà dit, on faisait un feu d'enfer à l'intérieur de l'idole métallique et on posait l'enfant égorgé sur ses bras étendus. Je n'ai pas besoin de vous faire un dessin. Le système religieux de Manassé comprenait toutes les formes d'occultismes possibles et imaginables, dont bien sûr la sorcellerie, la divination et le spiritisme. Ce personnage sinistre était en fait sans le savoir, le jouet des démons.

Versets 7-9

Je continue en compressant.

Il fit dresser dans le Temple la statue d'Achéra qu'il avait fabriquée alors que l'Éternel avait déclaré: Si les Israélites s'appliquent à obéir à tout ce que je leur ai commandé, à toute la Loi que leur a communiquée mon serviteur Moïse, je ne les ferai plus errer loin du pays que j'ai donné à leurs ancêtres. Mais les Israélites n'obéirent pas. Manassé les égara en sorte qu'ils firent encore plus de mal que les nations que l'Éternel avait détruites en leur faveur (2Rois 21.7-9).

À cette époque, les Israélites ne se doutaient pas qu'ils étaient sur le point d'entreprendre un très long voyage qui les mènerait en exil. En effet, selon les clauses de l'alliance que l'Éternel avait conclue avec son peuple, celui-ci ne pouvait se maintenir dans le pays promis qu'à la condition d'obéir à son Dieu, ce qu'ils n'ont fait que sporadiquement et avec bien peu de ferveur. Au contraire, tout au long de leur histoire, les Israélites, qu'ils soient du royaume du Nord ou du Sud, ont résolument été rebelles à leur Dieu. C'est de cette manière que l'auteur du livre des Rois explique à ses contemporains alors en exil à Babylone, la raison de leur captivité.

Versets 10-13

Je continue.

Alors, par l'intermédiaire de ses serviteurs les prophètes, l'Éternel dit:? À cause du roi Manassé, roi de Juda, qui s'est rendu coupable de tous ces actes abominables, qui a même fait pire que tout ce qu'avaient fait avant lui les Amoréens et qui a entraîné le peuple de Juda dans le péché d'idolâtrie, voici ce que déclare l'Éternel, le Dieu d'Israël: Je vais amener sur Jérusalem et sur Juda un malheur tel que tous ceux qui en entendront parler seront abasourdis. Je vais faire subir à Jérusalem le même sort qu'à Samarie. Je viderai la ville de ses habitants comme on nettoie un plat et qu'on le retourne à l'envers après l'avoir nettoyé (2Rois 21.10-13).

Dieu avait prononcé l'extermination des Amoréens, un terme générique pour les habitants du pays de Canaan, à cause de leurs pratiques idolâtres particulièrement horribles, comme la prostitution sacrée et le sacrifice d'enfants. Les Israélites ont fait pareil, voire pire et vont donc subir le même jugement. Ce qui est arrivé au royaume du Nord va se répéter pour celui du Sud et donc Jérusalem. De la même manière dont un lave-vaisselle nettoie un plat avec de l'eau, l'Éternel va assainir son peuple en ôtant sa corruption idolâtre dans un bain de sang.

Chacun croit pouvoir se passer de Dieu et agir comme bon lui semble. Cependant, j'habite sur sa terre, je respire son oxygène, je bois son eau et je bénéficie de son soleil. Mais comme personne n'en tient compte, alors de temps à autre Dieu fait le ménage. C'est ainsi que les empires sont tous tombés les uns après les autres.

Versets 14-15

Je continue le texte.

J'abandonnerai ce qui reste du peuple qui m'appartient et je le livrerai au pouvoir de ses ennemis qui le pilleront et le dépouilleront. J'agirai ainsi parce qu'ils n'ont pas cessé de m'irriter depuis le jour où leurs ancêtres sont sortis d'Égypte jusqu'à aujourd'hui (2Rois 21.14-15).

Les prophètes qui essayaient de ramener le peuple à l'adoration de l'Éternel, le seul vrai Dieu, ont énoncé le même verdict. Le royaume de Juda avait déjà subi des jugements divins, mais celui qui était à venir serait le plus sévère.

Verset 16

Je continue.

Manassé fit aussi tuer beaucoup de gens innocents, au point que Jérusalem fut remplie d'un bout à l'autre de ses victimes, sans compter les péchés dans lesquels il entraîna Juda en faisant ce que l'Éternel considère comme mal (2Rois 21.16).

À l'idolâtrie s'ajoutent les péchés d'ordre moral. Manassé était un homme cruel qui faisait peu de cas de la vie humaine. On se croirait en plein 21e siècle. Ce roi a fait massacrer tous les Israélites qui refusaient de courber l'échine devant le Panthéon idolâtre qu'il avait établi dans le pays et à Jérusalem en particulier. Tous ceux qui demeuraient fidèles à l'Éternel, lui vouant un culte, le faisaient au péril de leur vie.

Selon la tradition juive, ce roi infâme aurait fait ligoter le prophète Ésaïe à l'intérieur d'un tronc d'arbre creux, puis ordonner de tout scier en deux. À cette époque, c'était un métier à haut risque que d'être le porte-parole de l'Éternel. Selon un texte parallèle, Dieu est finalement intervenu. Je résume le passage:

Alors l'Éternel fit venir contre eux les généraux du roi d'Assyrie, qui capturèrent Manassé. Ils lui mirent des crochets au nez, l'attachèrent avec des chaînes de bronze. Lorsqu'il fut dans la détresse, il implora l'Éternel son Dieu et s'humilia profondément et l'Éternel l'exauça, il écouta sa supplication et le fit revenir à Jérusalem dans son royaume. Il fit disparaître du Temple de l'Éternel les dieux étrangers et la statue, ainsi que les autels qu'il avait édifiés sur la colline du Temple et dans Jérusalem. Il rebâtit l'autel de l'Éternel. Il offrit des sacrifices de communion et de reconnaissance et il ordonna aux Judéens de rendre leur culte à l'Éternel, le Dieu d'Israël (2Chroniques 33.11-16).

Tout ça est quand même choquant. Dieu a permis que ce roi infâme commette les pires atrocités en toute impunité, pour ensuite lui faire grâce et exaucer sa prière de repentance. C'est dur à accepter, mais vu que ma compréhension du Dieu de l'univers est infinitésimale, je n'oserai pas mettre en doute sa sagesse infinie. Et puis si l'Éternel a su faire grâce à un homme aussi ignoble que Manassé, alors il y a de l'espoir pour n'importe qui, même pour la créature la plus vile et indigne de la terre.

Copyright © 2001-2024 ( TTB - Thru the Bible, RTM - Radio Transmundial. Tous droits réservés - Conditions d'utilisation