Radio Chrétienne
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Chapitre 9
Introduction
Il est rare de feuilleter le journal du matin sans qu'on n'y lise pas le compte-rendu d'un quelconque malheur qui a frappé des Juifs quelque part dans le monde. La raison tient dans le fait qu'Israël fut choisi par l'Éternel pour être le peuple choisi, mais ayant misérablement failli à cet appel, il s'est mis dans une situation inextricable et se trouve dorénavant placé au même rang que les païens, sous le jugement divin. Mais Dieu veut faire miséricorde aux uns et aux autres.
Dans les 8 premiers chapitres de son Épître à l'Église de Rome, l'apôtre Paul répond à la question: comment l'homme entaché de fautes peut-il parvenir à être accepté par le Dieu trois fois saint? Il a commencé sa lettre en démontrant que tout être humain sans aucune exception est coupable et prêt à être jugé par Dieu. Après avoir prononcé une condamnation unilatérale sur l'ensemble de l'humanité, il a développé le concept de la grâce. Il a résumé son argument disant:
Tous ont péché, en effet, et sont privés de la glorieuse présence de Dieu, et ils sont déclarés justes par sa grâce; c'est un don que Dieu leur fait par le moyen de la délivrance apportée par Jésus-Christ (Romains 3.23-24).
Ensuite, Paul a décrit la sanctification, c'est-à-dire le processus de changement intérieur qui s'opère dans le croyant et qui l'amène petit à petit à ressembler à son Maître Jésus-Christ. Cette première grande section de l'Épître aux Romains s'est terminée en apothéose avec une affirmation de l'apôtre que je voudrais rappeler, tellement ses paroles sont majestueuses.
Oui, j'en ai l'absolue certitude: ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l'avenir, ni les puissances, ni ce qui est en haut ni ce qui est en bas, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous arracher à l'amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ notre Seigneur (Romains 8.38-39).
Paul quitte maintenant le sujet du salut pour se tourner vers ses concitoyens, les Israélites, afin de traiter du choix souverain de Dieu. Il va répondre à une question d'ordre pratique. Depuis toujours, les Juifs se glorifiaient du fait qu'ils étaient les descendants d'Abraham, par conséquent le peuple de Dieu, et donc supérieurs aux autres. Mais maintenant, les choses avaient changé. En effet, dorénavant, le programme de salut de l'humanité visait tous les hommes de toutes les nations et non plus un groupe ethnique particulier. De plus, dans l'Église, il y avait de moins en moins de Juifs et de plus en plus de païens.
Face à cette situation, Paul va répondre à la question que les croyants en Jésus-Christ, surtout ceux d'origine juive, se posaient et qui est la suivante: Maintenant qu'Israël a rejeté Jésus-Christ son Messie, qu'en est-il des promesses faites par l'Éternel aux patriarches, de son alliance avec David et de son plan en général avec le peuple élu, Dieu a-t-il abandonné le peuple juif? Paul va y répondre en faisant intervenir le choix souverain de Dieu. Depuis la création du ciel et de la terre, l'Éternel prend des décisions qui reposent exclusivement sur lui-même.
Ce principe divin a toujours été actif, non seulement lorsqu'il a choisi Abraham plutôt qu'un autre, mais aussi à l'intérieur même d'Israël où certaines personnes sont appelées et d'autres pas. Ce principe de sélection est toujours à l'oeuvre dans les plans de Dieu que ce soit pour l'Église, pour Israël ou envers les païens. Voilà donc le sujet délicat que Paul va maintenant adresser dans les chapitres suivants. Alors qu'il termine la section concernant le salut par grâce sur un cri de triomphe, il change brusquement de ton dès qu'il aborde la place d'Israël dans le plan souverain de Dieu.
C'est ainsi que le lecteur passe sans transition de la victoire au désespoir. C'est le sujet traité qui rend l'apôtre Paul profondément triste. S'il vivait à notre époque, il serait tout autant peiné de constater que non seulement l'Église dans son ensemble est infidèle à Jésus-Christ, mais encore que le christianisme a en grande partie rejeté Israël. Cela s'explique par le fait que la plupart des chrétiens sont d'origine païenne, la composante juive y étant très minoritaire. En conséquence, depuis le 1er siècle de notre ère, la majorité des théologiens, qu'ils soient catholiques ou protestants, ont cru que Dieu avait abandonné Israël à tout jamais. Ils ne tiennent pas compte des promesses et des prophéties pourtant bien spécifiques de l'Ancien Testament que l'Éternel a faites à son peuple. Pire encore, tout comme des pirates de l'air détournent un avion, les théologiens se sont approprié les bénédictions réservées au peuple juif de façon tout à fait arbitraire.
Cette vision des choses qui envoie Israël aux oubliettes de l'histoire passe sous silence que l'Église originelle de Jérusalem était juive. Elle ne comprenait aucun membre d'origine païenne, mais était exclusivement composée d'Israélites. Ceux-ci avaient non seulement accepté Jésus comme leur Messie, mais étaient également toujours zélés pour la Loi de Moïse et leurs traditions. Je cite un passage tiré du livre historique des Actes des Apôtres:
Paul exposa en détail tout ce que Dieu avait accompli par son ministère parmi les païens. En l'écoutant, tous les responsables de l'Église de Jérusalem louaient Dieu, puis ils dirent à Paul:? Vois-tu, frère, combien de milliers de Juifs sont devenus croyants, et tous sont très attachés à la Loi de Moïse (Actes 21.19-20).
Ces Juifs étaient devenus chrétiens, mais n'avaient pas abandonné pour autant leurs coutumes et leur espérance qui était fondée sur les promesses de l'Ancien Testament. Quiconque pense que l'Éternel en a fini avec le peuple d'Israël à cause de son incrédulité en tant que nation est dans l'erreur en faisant preuve d'une grande étroitesse d'esprit. L'étude des quatre Évangiles nous révèle que lorsque Jésus est venu dans le monde, c'était en premier lieu pour offrir aux Juifs le royaume de Dieu sur terre, avec lui, le Christ comme roi et successeur de David.
Et ce n'est pas parce que les Juifs sont incrédules que ce projet divin est passé aux oubliettes. D'ailleurs, dans le chapitre 11 de l'Épître aux Romains, Paul va montrer que les promesses que Dieu a faites à la nation d'Israël s'accompliront toutes en leur temps. En deuxième lieu, il n'est pas possible que l'Éternel change d'avis en revenant sur l'engagement très solennel qu'il a pris vis-à-vis de son peuple parce qu'Israël a rejeté son Messie. Si Dieu agissait ainsi, il serait une girouette humaine et non le Seigneur du ciel et de la terre. En effet, l'Éternel n'a pas été pris de cours par l'antagonisme des religieux juifs qui a conduit Jésus-Christ au calvaire. Au contraire, Dieu fait comme bon lui semble et ne dépend pas du tout de la bonne volonté des hommes pour accomplir les prophéties, tenir ses promesses et mener à bien son programme.
Israël en tant que nation peut très bien avoir un avenir spirituel au côté de l'Église. Ces deux entités peuvent facilement cohabiter. Lors du concile de Jérusalem qui nous est rapporté dans le livre des Actes des Apôtres, Jacques montre bien comment s'articulent les desseins de Dieu pour l'Église et pour Israël. Je lis le passage:
Dieu lui-même est intervenu pour se choisir parmi les non-Juifs un peuple qui lui appartienne (Actes 15.14).
Il s'agit bien sûr de l'Église. Je continue.
Cela concorde avec les paroles des prophètes puisqu'il est écrit: Après cela, dit le Seigneur, je reviendrai, et je rebâtirai la maison de David qui s'était effondrée, et j'en relèverai les ruines, je la redresserai. Alors, le reste de l'humanité se tournera vers le Seigneur, oui, toutes les nations qui sont appelées à m'appartenir (Actes 15.15-17).
L'apôtre Jacques explique le plan de Dieu pour l'humanité. Le Seigneur va se constituer un peuple qui lui appartienne du milieu des païens, ce qui avait été prophétisé dans l'Ancien Testament. Dans le livre de l'Apocalypse, le dernier du Nouveau Testament, il est mentionné que devant le trône du Seigneur du ciel et de la terre, il y aura des hommes de toutes les tribus et de toutes les nations. Cela sous-entend que la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ aura fait le tour de la terre. Mais l'apôtre Jacques a bien souligné qu'Israël avait un avenir lorsqu'il a dit et je le cite à nouveau:
Après cela, dit le Seigneur, je reviendrai, et je rebâtirai la maison de David qui s'était effondrée, et j'en relèverai les ruines, je la redresserai (Actes 15.16).
«Après cela » veut dire une fois que Dieu se sera constitué un peuple qui porte son nom, du milieu des tribus et des nations de la terre, après avoir constitué l'Église donc, dès que le dernier élu sera devenu enfant de Dieu, alors en un clin d'oeil, tous les chrétiens seront enlevés de la terre, puis viendront les temps de la fin. Alors, les pages du calendrier divin s'effeuilleront rapidement sous les yeux ébahis d'une humanité incrédule. L'Éternel se tournera vers Israël, le peuple élu, et reprendra son programme qu'il avait interrompu pour le bénéfice de l'Église. Le monde entier sera sévèrement jugé; c'est ce que les Écritures appellent la tribulation et qui est décrite en détail dans le livre de l'Apocalypse.
Ensuite, Jésus-Christ relèvera la royauté de David en établissant son royaume messianique de 1 000 ans sur la terre. Dans son discours, l'apôtre Jacques a aussi dit et je le cite:
Alors, le reste de l'humanité se tournera vers le Seigneur, oui, toutes les nations qui sont appelées à m'appartenir (Actes 15.17).
Une fois le millénium établi sur la terre, tous les hommes de toutes les nations sans exception auront la liberté de venir au Seigneur. J'ai commenté ce passage du livre des Actes pour dire que Dieu n'a pas rejeté le peuple élu et la totalité des promesses et des prophéties le concernant s'accompliront en leur temps.
Au tout début, je disais qu'à partir du chapitre 9 de cette Épître, il n'est plus question de salut, mais de la place d'Israël en tant que peuple et nation dans le plan éternel du Créateur. Paul va parler du choix souverain de Dieu aussi appelé la doctrine de l'élection. Ce concept est très facile à saisir, mais quand on en comprend les ramifications, ça fait un choc à l'estomac. C'était d'ailleurs exactement le point de vue de Luther. Pour preuve, voici ce qu'il a écrit à ce sujet. Je le cite:
Celui qui ne s'est pas identifié à Jésus mort sur la croix, qui n'a pas compris le sens de la passion du Christ, ne peut aborder le sujet de l'élection de la grâce sans en être offensé et éprouver de l'inimitié envers Dieu. Par conséquent, faites bien attention à ne pas boire du vin alors que vous en êtes au lait maternel.
Non seulement Dieu fait comme bon lui semble, mais il choisit aussi qui il veut pour le salut, ce qui n'est pas politiquement correct et froisse donc ma sensibilité. Mais à y regarder de plus près, puisque Dieu est l'Être indépendant de tout autre cause et de surplus le Créateur de tout ce qui existe en dehors de lui, il est souverain au sens le plus absolu du terme. Il peut donc se servir de sa création et en disposer comme il le désire; c'est logique. Les trois prochains chapitres que nous allons aborder ne sont pas spécialement difficiles à comprendre, mais coriaces à digérer.
Verset 1
Je commence maintenant à lire le chapitre 9 de l'Épître de Paul aux Romains.
Ce que je vais dire est la vérité; j'en appelle au Christ, je ne mens pas; ma conscience, en accord avec l'Esprit Saint, me rend ce témoignage (Romains 9.1).
Voilà une introduction très solennelle afin de souligner l'importance de ce qui va suivre, mais aussi parce que l'apôtre était accusé d'avoir trahi son propre peuple. En fait, les Juifs, bien décidés à lui faire la peau, avaient établi un contrat de mort entre eux et contre Paul. Je cite le passage:
Les Juifs formèrent un complot. Ils firent le serment de ne rien manger ni boire avant d'avoir tué Paul. Plus de quarante hommes participaient à cette conjuration (Actes 23.12-13).
Paul se savait menacé et à sa place j'aurais été très stressé et furieux; mais pas lui, au contraire, il est plein d'amour pour ceux de sa race.
Verset 2
Je continue le texte.
J'éprouve une profonde tristesse et un chagrin continuel dans mon coeur (Romains 9.2).
Paul éprouvait une immense angoisse au sujet de la nation d'Israël parce qu'elle avait rejeté son Messie jusqu'à le faire crucifier. Il n'en voulait pas aux Juifs, car il comprenait fort bien ce qu'ils éprouvaient vis-à-vis de lui et de Jésus-Christ. En effet, il avait été exactement comme eux, lorsqu'en tant que chef religieux de la secte des Pharisiens il persécutait les chrétiens avec acharnement.
Verset 3
Je continue.
Oui, je demanderais à Dieu d'être maudit et séparé du Christ pour le bien de mes frères, nés du même peuple que moi (Romains 9.3).
Paul désirait tellement le salut de ceux de son peuple, qu'il aurait été prêt à être maudit et proscrit par Dieu si cela avait amené les Juifs à placer leur confiance en Jésus-Christ. Bien sûr, il savait ce souhait impossible, puisqu'au chapitre précédent il vient tout juste de démontrer que rien ne pouvait séparer le croyant de Jésus-Christ. Mais de telles paroles passionnées montrent la profondeur de l'amour de l'apôtre pour sa nation. Son attitude rappelle celle de Moïse dans le désert. Je lis le passage:
Moïse retourna auprès de l'Éternel et dit:? Hélas ! ce peuple s'est rendu coupable d'un très grand péché, il s'est fait un dieu d'or. Mais maintenant, veuille pardonner ce péché. Sinon, efface-moi du livre que tu as écrit (Exode 32.31-32).
Ce livre de vie contient les noms de tous les rachetés, les bienheureux comme on les appelle quelques fois. Tout comme Paul, Moïse était lui aussi prêt au sacrifice suprême, à se voir bannir du royaume des cieux s'il avait pu obtenir en contrepartie le pardon pour Israël qui s'était rebellé contre l'Éternel en se fabriquant une idole.
Verset 4
Je continue le texte.
C'est aux Israélites qu'appartiennent la condition de fils adoptifs de Dieu, la manifestation glorieuse de la présence divine, les alliances, le don de la Loi, le culte et les promesses; à eux les patriarches ! (Romains 9.4).
Paul dresse une liste des privilèges qui appartenaient à la race juive en tant que peuple élu de Dieu. Qu'on le veuille ou non, Israël est la seule nation dans le monde que l'Éternel a adoptée comme son fils. Je cite quelques passages:
L'Éternel dit à Moïse:? Tu diras au pharaon: Voici ce que dit l'Éternel: Israël est mon fils aîné. Laisse aller mon fils pour qu'il me rende un culte. Quand Israël était enfant, je l'ai aimé, alors j'ai appelé mon fils à sortir de l'Égypte. Tu es, en effet, un peuple saint pour l'Éternel ton Dieu, il t'a choisi parmi tous les peuples qui se trouvent sur la surface de la terre pour que tu sois son peuple précieux (Exode 4.22-23; Osée 11.1; Deutéronome 7.6).
Le deuxième privilège dont jouissait Israël était la présence de la gloire de Dieu. Là encore, je cite deux passages:
L'Éternel marchait à leur tête, le jour dans une colonne de nuée pour leur montrer le chemin, et la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer, afin qu'ils puissent marcher de jour et de nuit. La nuée enveloppa la tente de la Rencontre et la gloire de l'Éternel remplit le tabernacle (Exode 13.21; 40.34).
Le troisième avantage des Juifs concerne les alliances que l'Éternel a conclues avec Israël, à commencer avec Abraham, puis Moïse et David, et enfin la Nouvelle Alliance qui inclut toutes les nations. Même si cette dernière est universelle, le Messie lui est de la descendance d'Abraham et de David, ce qui revient à dire que le salut des païens a son origine dans la race juive. Paul cite en quatrième lieu la Loi de Moïse qui fut donnée exclusivement aux Hébreux. Je cite un passage:
Maintenant, si vous m'obéissez et si vous restez fidèles à mon alliance, vous serez pour moi un peuple précieux parmi tous les peuples? Vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte (Exode 19.5-6).
Le 5e privilège mentionné par Paul est le culte, l'adoration de Dieu, d'abord dans le Tabernacle, puis dans le Temple. C'est ce service sacré qui fait que l'Éternel a dit aux enfants d'Israël par l'intermédiaire de Moïse: Vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte. Les sixième et septième privilèges des Juifs concernent les promesses de bénédiction faites aux patriarches. Le premier et le plus important est Abraham, le père de la nation juive. C'est à lui que l'Éternel promit toute une série de bénédictions qui furent répétées à son fils Isaac puis à son petit-fils Jacob.
Cela dit, tout au long de l'Ancien Testament, et cela depuis le jardin d'Éden, l'Éternel promet la venue du Messie qui serait le sauveur de tous les hommes. Mais parallèlement, le Christ doit aussi s'asseoir sur le trône de David et régner éternellement.
Verset 5
Même si Jésus est le Sauveur du monde, il fait bien partie des promesses faites aux Juifs, ce que confirme le verset suivant que je lis.
Et c'est des Israélites qu'est issu le Christ dans son humanité; il est aussi au-dessus de tout, Dieu béni pour toujours. Amen ! (Romains 9.5).
Il s'agit ici du huitième privilège; Jésus-Christ était de la race d'Israël. Il était homme à 100 %, mais aussi le Fils de Dieu, la seconde personne de la Trinité. Je lis deux passages:
Au commencement était celui qui est la Parole de Dieu. Il était avec Dieu, il était lui-même Dieu. La Parole est devenue homme et il a vécu parmi nous. Nous avons contemplé sa gloire, la gloire du Fils unique envoyé par son Père. Lorsque le moment fixé par Dieu est arrivé, il a envoyé son Fils, né d'une femme (Jean 1.1, 14; Galates 4.4).
Devant la majesté du Fils de Dieu qui devint un simple homme, l'attitude qui s'impose est l'adoration.
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