Radio Chrétienne
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Chapitre 7
Introduction
Tout le monde est d'accord pour dire que la bonne volonté est une vertu, mais ce n'est pas toujours suffisant pour se débarrasser de ses tares. Plus d'un jeune accroché à la drogue a essayé de se libérer de ce boulet, mais en vain. Après plusieurs séjours de désintoxication sans succès permanent, il abandonne. C'est un peu la même chose avec le chrétien qui traîne la puissance du péché avec lui et qui ne parvient pas à s'en défaire. Au bout d'un moment, soit il abandonne, soit il accepte une vie de défaite.
Dans le chapitre 7 de son Épître aux Romains, l'apôtre Paul va bien expliquer le problème auquel chaque chrétien est confronté pour ensuite donner le secret de la victoire dans le chapitre suivant. Jusque-là, il a montré que parce que le croyant est identifié à Jésus-Christ dans sa mort, il est lui-même mort au péché. Mais une fois que cette vérité est bien en place dans ma tête, il me faut encore l'actualiser dans ma vie de tous les jours.
Et c'est là que le bât blesse, car je m'aperçois alors très vite que je suis en lutte avec moi-même. En effet, je suis confronté à mes mauvais penchants qui me tirent toujours vers le bas, tentant de s'exprimer par mes pensées et mes actions. Tout croyant doit faire face à ce conflit interne. Je ne peux pas non plus compter sur mes bonnes intentions seules, car elles sont incapables de briser la puissance de mes mauvais penchants. Lorsque le croyant animé de bonne volonté se sent pris dans la tourmente de la vie et qu'il doit faire face à des tentations, il essaie de s'accrocher à des règles de vie tirées de la loi de Moïse ou du Sermon sur la Montagne.
Mais il découvre très vite que cette bouée ne fait même pas office d'une botte de paille; c'est plutôt comme un boulet qui l'entraîne plus au fond. Les règles à suivre limitent la casse, mais n'ont pas la capacité de me rendre conforme à Jésus-Christ en esprit et dans mon coeur. La marche chrétienne telle que Dieu l'envisage ne s'improvise pas; ce n'est pas du bricolage. L'apôtre Paul aborde ces questions pour ensuite expliquer comment mener une vie de victoire sur le péché et sur la tentation au mal. Dans le chapitre précédent, Paul avait répondu à la question:
Mais quoi? Allons-nous encore pécher volontairement de temps en temps sous prétexte que nous ne sommes pas sous le régime de la Loi, mais sous celui de la grâce? (Romains 6.15).
L'apôtre reprend maintenant le fil de la discussion qu'il avait entamée précédemment lorsqu'il avait dit:
Car le péché ne sera plus votre maître puisque vous n'êtes plus sous le régime de la Loi mais sous celui de la grâce (Romains 6.14).
Il va parler de la loi, qu'il s'agisse de Moïse ou d'une autre.
Verset 1
Je commence donc à lire le chapitre 7.
Ne savez-vous pas, frères, car je parle à des gens qui connaissent la loi, que la loi ne régit un homme que durant le temps de sa vie? (Romains 7.1).
Comme je l'ai déjà dit, Paul soulève donc à nouveau la question du rôle de la Loi. Il s'agit d'un code moral, celui de Moïse ou de la conscience, mais non du code romain. Les lecteurs étaient aussi bien des Juifs que des païens, mais tous étaient familiers avec la partie morale de la Loi que l'Éternel avait donnée aux Israélites. Paul dit donc que tout le monde sait pertinemment bien que la loi, n'importe laquelle en fait, exerce son pouvoir sur l'homme aussi longtemps qu'il vit. Mais une fois mort, il échappe à toute législation humaine; cette vérité coule de source.
C'est d'ailleurs bien pour cela que bon nombre de criminels notoires en passe de comparaître devant le tribunal se suicident dans leur cellule. C'est effectivement une façon de faire faux bond à la justice, à celle établie par les hommes tout au moins. Par contre, il n'y a pas d'échappatoire possible en ce qui concerne le jugement de Dieu; cette vérité aussi va de soi.
Verset 2
Je continue.
Ainsi, une femme mariée a été liée par la loi à son mari tant que celui-ci est en vie. Mais s'il vient à mourir, elle est libérée de la loi qui la liait à lui (Romains 7.2).
Paul illustre le fait que nous sommes tous sous une loi divine en prenant le mariage comme exemple, parce que c'était un acte social bien établi. Là encore, l'apôtre déclare une vérité qui coule de source. Une fois l'un des conjoints mort, l'autre ne lui est plus lié. Il parle de l'aspect légal des choses, bien entendu. Car tout le monde sait que les attaches émotionnelles ne se défont pas aussi facilement, mais ont une tendance à perdurer au-delà de la tombe, ce qui n'est pas sans créer quelques fois de graves problèmes. Mais là n'est pas le propos de l'apôtre.
Verset 3
Je continue le texte.
Donc si, du vivant de son mari, elle appartient à un autre homme, elle sera considérée comme adultère. Mais si son mari meurt, elle est affranchie de cette loi et peut donc appartenir à un autre, sans être adultère (Romains 7.3).
Paul poursuit son illustration en faisant intervenir une union illicite de la part de la femme mariée. La raison pour laquelle il n'utilise pas l'homme comme exemple est parce que la polygamie était encore pratiquée et plus ou moins tolérée dans les milieux juifs. Ce n'est pas normal, me direz-vous ! Eh bien, effectivement, ce n'est pas juste; c'est même de la discrimination. Mais les sociétés antiques fonctionnaient selon la fameuse loi universelle, la fameuse loi de la jungle, où comme chacun sait, la raison du plus fort est toujours la meilleure. Ce n'est pas qu'un mari polygame ne pouvait pas devenir adultère, mais comme il a déjà plusieurs épouses, l'utilisation d'un tel homme comme exemple au lieu d'une épouse aurait rendu l'illustration un peu floue.
Cela dit, sous le régime de la Loi de Moïse, on ne plaisantait pas avec l'adultère, car les fautifs étaient tous deux lapidés sur-le-champ. Dans ce passage, Paul dit en substance qu'une veuve qui épouse un autre homme ne commet pas un adultère, ce qui est encore une vérité qui va de soi. Ceci est vrai sur le plan légal, car il n'est pas rare qu'au niveau émotionnel, comme je l'ai déjà dit, ceux qui ont perdu un conjoint et qui se remarient ont souvent le sentiment de trahir le mort qui n'est plus là pour se défendre. Le tout se complique encore davantage si les enfants du premier lit s'en mêlent et font des reproches au parent qui se remarie. Ces comportements sont irrationnels, mais comme l'a dit Pascal:
Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point !
Verset 4
Je continue le texte.
Il en est de même pour vous, mes frères: par la mort du Christ, vous êtes, vous aussi, morts par rapport à la Loi, pour appartenir à un autre, à celui qui est ressuscité des morts, pour que nous portions des fruits pour Dieu (Romains 7.4).
Paul applique son illustration du mariage au croyant, à la Loi et au Christ. Il ne précise pas qu'il parle spécifiquement de la Loi de Moïse parce que dans l'Église de Rome se trouvaient beaucoup de croyants d'origine païenne. Il n'empêche qu'avant de devenir chrétien les uns et les autres étaient sous la tutelle d'une Loi: les Juifs ont celle de Moïse et les païens sont sous la loi qui consiste à obéir à leur conscience, c'est-à-dire faire le bien tout en se gardant du mal. Paul a déjà expliqué cela au second chapitre de cette Épître.
Il établit ici un double parallèle. D'une part, il compare la loi qui régit la situation d'un couple marié à la loi morale sous laquelle se trouvaient ses lecteurs avant de devenir des chrétiens authentiques. D'autre part, il rapproche la responsabilité des membres du couple l'un envers l'autre à l'engagement du croyant vis-à-vis de Jésus. À priori, ça paraît compliqué, mais en fait, c'est plutôt simple.
Lorsque le mari meurt, la loi matrimoniale perd toute autorité sur le couple qu'il formait avec sa femme. Son épouse est désormais libre d'appartenir à un autre homme et de former avec lui un autre couple. De même, par nature je faisais partie de la lignée d'Adam; je lui étais lié, et comme marié en quelque sorte. J'étais aussi sous le régime d'une loi morale et dans l'obligation d'obéir à Dieu sous peine de mort. En effet, les descendants d'Adam ont reçu l'ordre de l'Éternel de choisir le bien et de rejeter le mal en fonction du diktat de leur conscience. Ensuite, bien plus tard, la Loi de Moïse fut donnée aux Israélites.
Ces deux systèmes demandaient l'obéissance absolue. C'étaient des camisoles de force dont le but était de contrôler les pulsions mauvaises qui habitent chacun d'entre nous. L'histoire de l'humanité prouve que ça n'a pas marché, tellement la nature humaine est dépravée. La loi de la conscience ou de Moïse est devenue un boulet au cou de chaque homme. Elle faisait de lui un esclave qui était dans l'obligation constante de satisfaire ses exigences, mais comme l'homme en était incapable, il fut condamné. La loi morale a donc un rôle de condamnation comme cela a déjà été dit.
Mais quand j'ai mis ma confiance en Jésus-Christ, Dieu m'a placé en lui et j'ai été fait participant de sa mort et de sa résurrection. Étant juridiquement mort, plus aucune loi ne peut avoir d'emprise sur moi. Je suis mort à elle et vis-à-vis de ses contraintes. Je vais illustrer cette idée avec une histoire qui se racontait au coin du feu en hiver.
Peu de temps avant que n'éclate la guerre de Sécession, il y avait dans l'État de Géorgie, un homme fort distingué marié à une très belle femme. Ils formaient un beau couple et vivaient heureux dans leur propriété magnifique. Puis il tomba malade et mourut subitement. Ce fut un cruel déchirement pour son épouse, car elle l'aimait de tout son coeur. Elle fit alors une chose morbide et des plus bizarres. Elle décida de faire embaumer le corps de son mari et le plaça dans son fauteuil préféré qu'elle entoura d'une sorte de cage en verre, puis le plaça dans le hall d'entrée. Dès que vous entriez chez elle, vous étiez nez à nez avec le mari embaumé. Ses amis se rendirent compte que ce comportement n'était pas normal. Ils l'encouragèrent à voyager pour se remettre de cette terrible tragédie. Elle accepta à contrecoeur, confia le soin de la propriété à son majordome et partit dans le nord puis prit le bateau pour l'Angleterre. Là-bas, elle rencontra un homme dont elle tomba amoureuse. Ce fut réciproque et ils se marièrent. Cela faisait maintenant deux ans qu'elle avait quitté la Géorgie. Pendant leur lune de miel, ils prirent le bateau pour retourner chez elle dans sa propriété. Arrivé sur place, le nouveau mari prit sa belle dans ses bras pour lui faire passer le seuil de la maison. Dès qu'il eut franchi la porte, il s'arrêta éberlué à la vue de la momie qui occupait le hall. Il demanda à son épouse qui était cet homme. En fait, elle avait oublié son existence et expliqua que c'était son premier mari. Ils décidèrent alors d'un commun accord que le moment était venu de l'enterrer une fois pour toutes. Elle était mariée à un autre homme; son premier époux était mort.
Cet ancien mari décédé, embaumé et enterré, c'est moi dans le sens que je suis mort à la loi morale. En étant châtié à ma place pour les péchés que j'ai commis, le Christ m'a fait mourir aux exigences que la Loi avait sur moi. Il m'a libéré des contraintes du légalisme et des rites pour me placer sous le régime de la grâce qui régit désormais mon union avec lui. Je suis donc libre de m'engager dans une relation avec le Christ ressuscité, de former un nouveau couple avec lui en quelque sorte. Jésus devient donc le nouvel époux du croyant pour ainsi dire.
Dans le Nouveau Testament, il est dit que Jésus et son Église forment un couple et qu'ils vont célébrer leur mariage pendant toute l'éternité dans ce qui s'appelle les noces de l'Agneau. Le but de Dieu dans tout cela est que les chrétiens authentiques portent du fruit à sa gloire. Quand Paul dit cela, il passe de la seconde personne du pluriel vous, à la première nous, s'incluant dans ceux qui sont appelés à présenter à Dieu une vie fructueuse. Dans le chapitre précédent, il avait dit que ces fruits consistaient en une vie sainte.
Verset 5
Je continue le texte.
Lorsque nous étions encore livrés à la chair, les mauvais désirs suscités par la Loi étaient à l'oeuvre dans nos membres pour nous faire porter des fruits qui mènent à la mort (Romains 7.5).
L'apôtre Paul continue son explication logique concernant la nouvelle vie du chrétien. Il utilise l'expression «livrés à la chair ». Dans le Nouveau Testament, ce mot n'a pas les connotations sexuelles qu'on lui prête parfois. La chair représente l'homme en Adam, ce qu'il est à cause de lui, le chef de la race humaine. Lorsque l'Éternel a créé l'homme, il était innocent, c'est-à-dire ni juste, ni injuste. Il était en fait neutre vis-à-vis du bien et du mal. L'Éternel Dieu a alors soumis Adam et Ève à une épreuve. Après les avoir placés dans le jardin d'Éden, le paradis terrestre, il leur a ordonné et je cite ses paroles:
Mange librement des fruits de tous les arbres du jardin, sauf du fruit de l'arbre du choix entre le bien et le mal. De celui-là, n'en mange pas, car le jour où tu en mangeras, tu mourras (Genèse 2.16-17).
On connaît la suite. Nos premiers parents ont lamentablement failli, sont devenus coupables et ont acquis le statut d'injustes. S'ils n'avaient pas touché au fruit défendu et donc obéi à l'ordre du Créateur, ils auraient été confirmés comme justes. À cette époque, le principe de la grâce n'avait pas été introduit dans l'équation; obéir à Dieu était le seul moyen de ne pas tomber dans la mort. Mais à cause de cette chute, tout être humain est spirituellement mort. Il vient au monde dans un état brut, livré à lui-même et avec une très forte inclination à faire ce qui est mal aux yeux de Dieu, c'est-à-dire commettre des péchés. J'ai hérité d'Adam cette réalité humaine de la chair. Ce principe s'impose à vous et à moi aussi longtemps, et jusqu'au moment où l'Esprit de Dieu fait naître dans le croyant une vie nouvelle par l'intermédiaire du Christ.
Le tout nouveau chrétien passe alors instantanément du régime de l'obéissance à une loi, à celui de la grâce. Paul dit aussi que les mauvais désirs suscités par la Loi nous ont menés à la mort. Si je mettais ces paroles en équation ça donnerait: chair + Loi = mort. Comment et pourquoi? La loi morale, non seulement, révèle le péché, mais elle l'excite et le stimule parce que tout homme est fondamentalement pécheur. Au fond de lui-même, il a l'attrait de l'interdit. J'ai en moi ce désir d'agir en conformité avec ce qui est mal, et contrairement à ce qui est bien.
Quand j'étais adolescent, à l'époque des cerises, ma mère en achetait au marché, mais je n'en mangeais que très rarement. Par contre après l'école, avec une bande de copains on allait à la maraude et là je m'en mettais plein la lampe jusqu'à ce que je ne puisse plus bouger. Les fruits volés étaient bien meilleurs que ceux achetés. De même, les bonbons qui étaient dans le placard avaient meilleur goût lorsque je les chipais que quand on me permettait d'en manger. Un proverbe de l'Ancien Testament résume bien cet attrait de l'interdit. Je le cite:
«Les eaux dérobées sont plus douces, et le pain mangé en secret est savoureux» (Proverbes 9.17).
Les interdictions font naître des pulsions de pécher, ce que Paul expliquera en détail un peu plus loin. Ces passions mauvaises engendrent des actions interdites par Dieu. Or la transgression de la loi morale entraîne immanquablement la mort. De plus, et comme Paul l'a déjà dit, même s'il n'y a pas de loi qui me régisse, je n'obéis pas aux sollicitations de ma conscience, mais je choisis souvent de faire ce qui est mal aux yeux de Dieu, et donc je me condamne.
Verset 6
Je continue le texte.
Mais maintenant, libérés du régime de la Loi, morts à ce qui nous gardait prisonniers, nous pouvons servir Dieu d'une manière nouvelle par l'Esprit, et non plus sous le régime périmé de la lettre de la Loi (Romains 7.6).
Toute personne dans la chair, c'est-à-dire dans l'état brut hérité d'Adam, est prisonnière de la loi morale. Tous ceux qui la transgressent, c'est-à-dire la totalité des êtres humains, se rendent coupables à son égard et sont donc condamnés par elle. Mais maintenant, dit Paul, ceux qui sont identifiés à Jésus sont libérés des contraintes que la loi divine faisait peser sur eux, c'est-à-dire: Obéis ou tu mourras ! Les croyants sont morts à la loi avec le Christ crucifié.
Comme une veuve est dégagée des obligations légales du mariage, de même le chrétien authentique est affranchi des exigences de la loi divine et de l'attrait de l'interdit qu'elle exerçait sur lui. Le but de cette libération du boulet de la loi divine est de pouvoir servir Dieu en toute liberté grâce à l'action du Saint-Esprit dans ma vie. Paul expliquera comment au chapitre suivant. Donc, par la mort du Christ en croix, le croyant n'est pas seulement mort vis-à-vis du péché, ce que Paul a expliqué dans le chapitre précédent, mais il est également mort par rapport à la Loi.
Dans son union au Christ, le chrétien authentique a été dégagé des exigences de la loi divine, de son pouvoir d'accusation, et de l'attrait de l'interdit. Il peut dorénavant servir Dieu d'une manière nouvelle, non plus sur la base du devoir: Je devrais le faire, mais par amour pour lui parce que je veux plaire à Jésus-Christ mon sauveur. Un tout petit poème résume bien cette pensée. Je le lis:
Je ne travaille pas au salut de mon âme; cette oeuvre, mon Seigneur l'a accomplie; mais je travaillerai comme un esclave, par amour pour le Fils bien-aimé de Dieu.
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